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"Les ONG sont-elles devenues une industrie ?"

Posée par une publication tout entière dévouée au marketing "ONGéiste" (1), la question ne manque pas de piquant, avouons-le :
"A ce jour, quelque 135000 organisations non gouvernementales (ONG) sont répertoriées dans le monde. 65 000 en Europe, 5 000 en France (...). Leurs budgets ont explosé et leurs effectifs aussi (...). Les ONG sont devenues un lobby politique puissant (...). Pour les orphelins de la politique, (l'humanitaire) est devenu une valeur-refuge, une morale minimaliste. Mais il devient aussi un marché. Le modèle d'entreprise gagne du terrain et les ONG rivalisent constamment d'imagination pour attirer les donateurs (spots télévisés, mailings, campagnes d'affichage, legs, etc.).
En France, le "charity-business" est estimé à 10 milliards de francs par an. Parmi les donateurs, il y a aussi les gouvernements, ce qui place les ONG face à l'épineuse question de leurs ressources financières. Comment puiser dans les caisses des États
(ajoutons également : de l'Union européenne et de la Banque mondiale, tous deux généreux sponsors des ONG, NDLR), bénéficier du soutien logistique des armées et prétendre à l'indépendance de décision et d'action? En 1996, les ressources publiques des ONG représentaient 1,5 milliard de francs, soit 44 % de leur budget total."
(1) Ces lignes sont extraites de Politis (22 février 2001). Le Monde est entré récemment dans le capital de cette publication de la "gauche alternative", qui fonctionne depuis comme une sorte de supplément du Monde, à l'image d'Aden, le supplément spectacle du journal (elle en a le format et la mise en page). On connaît par ailleurs le rôle central du Monde diplomatique dans le lancement et la promotion d'ATTAC Politis, c'est le supplément ONG du Monde.

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Sur l'antimondialisation

L'encadrement de la "société civile" serait bien devenu la mission dévolue aux ONG, au sens où il leur serait attribué un rôle central dans la "bonne gouvernance" réclamée par les institutions du mondialisme, expression des sociétés multinationales.
Ainsi, cet encadrement permettrait de canaliser les éventuels soubresauts des masses exploitées par "l'économie globale". Une contestation de façade a trouvé son exutoire à Porto Alegre, au Brésil, devenu le laboratoire d'une "démocratie participative" qui ne fait sans doute pas que des heureux, à en croire certains de nos correspondants (1).
A tel point qu'aux dernières élections, les tenants de cette ligne dans l'État concerné ont été battus. A l'occasion de ce pélerinage exotique annuel, les Français occupent une large place. Les dirigeants de la gauche, Chevènement en tête, étaient là, mais aussi des dirigeants du PC, du PS, de la LCR, de la CGT, mais surtout d'ATTAC, membre actif de ce rassemblement patronné par l'Université catholique de Porto Alegre, En tout œcuménisme, la droite était représentée par le secrétaire général de l'ex–RPR.
Pourtant, le doute est permis quant à l'ardeur antimondialisation de certains de ces pélerins. Dans une brochure intitulée "Les ONG acteurs de la mondialisation" (2), l'auteur, François Rubio, cite pour la France les organisations qui feraient fonction de "consultants" pour le compte de l'OMC, qu'on peut à juste titre considérer comme le fer de lance de cette mondialisation tant honnie.
L'auteur cite ATTAC, la FCE–CGC et la CGT. On est en droit de supposer, en toute logique, que ces "consultations" ne sont pas gratuites et, en conséquence, de douter des ardeurs sincères de l'antimondialisation de ces curieux "consultants".
ANGELO GEDDO     (semaine du 6 au 12 novembre 2002– n°563)
(1) Informations ouvrières, n° 561.
(2) La Documentation française.

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A quoi servent les ONG

Les organisations non gouvernementales (ONG), dont on ignore le fonctionnement et encore moins le financement, sont devenues la coqueluche des médias, mettant en évidence le poids et le rôle qui seraient les leurs face aux outrances du capitalisme mondial, des sociétés multinationales et de l'impérialisme américain.
En réalité, ces ONG, qui sont multipliées depuis un siècle, atteignant le nombre de 20 000, dont 2 010 agréées par l'ONU, deviennent un relais humanitaire et altruiste, tout en couvrant souvent de leur label les entreprises hautement criminelles des menées impérialistes. Ainsi, le fameux "droit d'ingérence" a permis de justifier des opérations militaires inavouables. Nous en avons eu maints exemples, dans l'ex–Yougoslavie, mais aussi en Afrique. Sur le plan logistique, et dans le cadre des "plans d'ajustement structurel" imposés par le FMI aux pays pauvres, les ONG en arrivent à se substituer aux différents services publics nationaux.
Dans un domaine concomitant, alors que l'État français prenait en charge plus de 20 000 coopérants fonctionnaires dans le cadre de l'aide aux pays en développement, leur nombre est tombé à 2 000, la différence agissant désormais pour le compte d'ONG assumant des "missions de services publics" pour le compte des États industrialisés, mais aussi pour le compte de l'Union européenne, premier bailleur financier en ce domaine, et des institutions du mondialisme.
Dans de nombreux cas, les ONG deviennent la courroie de transmission humanitaire pour des opérations moins avouables, menées par les sociétés multinationales en vue d'étendre leur influence, les ONG devenant le mode d'organisation de la société civile.
ANGELO GEDDO     (semaine du 6 au 12 novembre 2002 – n°563)

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L'Argentine : un modèle pour les partisans du Forum social et de la "démocratie participative"

Lors du récent Forum social de Florence, s'est tenu un "séminaire" sur le thème "Une autre entreprise est possible".
Dans un document diffusé par l'une des ONG participantes, l'Alliance pour un monde responsable, pluraliste et solidaire, on pouvait lire que, « en Argentine, un Club du troc a été fondé en 1995 et a réuni en peu de temps plus de 800 000 membres (…). Depuis plus de six ans, en Argentine, des expériences avec un autre degré d'autogestion ont démontré que la société civile désorganisée peut se réorganiser pour créer un nouveau marché sans argent conventionnel qui donne un revenu à des groupes familiaux touchés par le chômage et par la disparition du travail, au moyen de trocs multiples avec la monnaie sociale (…). D'un côté, le budget participatif crée une citoyenneté politique au–delà du système politique traditionnel dans la gestion même des fonds publics. De l'autre, les revenus du troc "réinventent" le marché à l'intérieur du système, mais à contre–courant ; partant de la solidarité et de l'autogestion, comme il est arrivé dans certains cas, et sans recourir à l'argent traditionnel. »
(semaine du 27 novembre au 3 décembre 2002 – n°566)

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"Forums sociaux" et quotas laitiers

L'ONG britannique OXFAM est une grande pourvoyeuse de fonds des sommets « alter– mondialistes », comme le Forum social mondial et sa déclinaison européenne, le Forum social européen, dont la deuxième édition se déroulera, en novembre prochain, en région parisienne.
Dans une récente déclaration (Libération, 28 juin), elle fustige les subventions à l'agriculture en Europe. Pour OXFAM, la dernière révision de la politique agricole commune (PAC), lancée par l'Union européenne sur demande de l'OMC, ne diminue pas suffisamment ces subventions : « Rien ne changera pour le petit paysan sénégalais, qui verra toujours des produits européens moins chers que les siens sur le marché de Dakar », s'indigne OXFAM. Sur son site Internet, l'ONG va même jusqu'à exiger « l'abaissement des quotas laitiers en Europe » (1).
Je ne suis certainement pas un spécialiste des questions agricoles, mais je ne vois pas en quoi la ruine des campagnes en. Europe (déjà largement frappées par la politique de l'Union européenne) profiterait en quoi que ce soit aux paysans sénégalais, sinon aux multinationales, américaines notamment, qui dominent le marché mondial. S'il y a « trop » de lait, ce n'est pas par rapport aux besoins généraux de l'humanité, mais par rapport au marché mondial gouverné par le système capitaliste décomposé. Au moment où la famine et la sous–alimentation frappent ou menacent de nombreux pays, y compris des pays « développés », exiger la diminution des productions agricoles, où que ce soit, a quelque chose de profondément indécent et révoltant.
On voit où mènent les discours « altermondialistes », tiers–mondistes et, de manière générale, tous les arguments visant, à opposer les « exclus » à de prétendus « nantis » : pendant ce temps–là, les vrais profiteurs du système vaquent tranquillement à leurs affaires.
N'est–ce pas pourquoi, d'ailleurs, ils financent largement les forums sociaux, comme le fait le gouvernement Chirac-Raffarin lui–même?
SERGE DESENCLOS     (semaine du 9 au 15 juillet 2003 – n°597)
(1) C'est–à–dire la diminution de la production permise à chaque agriculteur, entraînant inévitablement une chute de leurs revenus.

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A propos des forums sociaux

Depuis bientôt cinq ans, la mode est revenue des grands rassemblements hétéroclites, festifs, musicosociologiques, nommés forums sociaux, les deux premiers l'emportant sur les troisièmes. Le premier s'ouvrira à Porto Alegre, exotisme assuré, avec la bénédiction de l'université catholique de la ville et le soutien matériel de la Banque mondiale et de plusieurs sociétés multinationales, touchées par la grâce altruiste.
Fer de lance de ces manifestations placées sous le mot d'ordre du « budget participatif » et de la « démocratie participative », les ONG, dont le financement des plus nébuleux ne dissimule même pas les liens qu'elles entretiennent avec les diverses « fondations » créées par les grandes sociétés multinationales, notamment américaines.
Comme au temps de Woodstock, le nomadisme mondialisé fait se rencontrer une multitude de gens et de groupes qui, à l'image des « chemins de Compostelle », s'en vont « pèlégriner », cherchant à « changer le monde », tout en conservant les fondements.
Ainsi, de l'antimondialisation, grâce à ATTAC, nous sommes passés à l'« altermondialisation », c'est-à-dire à l'assurance de la pérennité du mode de production capitaliste revisité « à gauche ».
En fait, ces « pèlerinages » cherchent à introduire la vieille lune tendant à faire croire que les classes sociales et les oppositions d'intérêts n'existent plus, et que, à partir de là, « un autre monde est possible », celui où exploiteurs et exploités tomberaient dans l'embrassade universelle, quand tous se retrouveraient réunis dans une « communauté d'intérêts ».
On connaît les dérives ayant débouché sur ces théories, vieilles de plus d'un siècle et demi, et les tragédies ayant marqué le XXe siècle.
Il est navrant de constater que des organisations ouvrières fondées sur la lutte des classes puissent accepter de s'embarquer dans une telle galère.
Foin de tout opportunisme injustifiable... Il est des moments où faut savoir dire non! Je serai toujours de ceux-là.
ANGELO GEDDO     (semaine du 1er au 7 octobre - n°609)

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