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Questions aux organisateurs du Forum social mondial de Bombay (Inde)

LA LETTRE QUE DES MILITANTS SYNDICALISTES INDIENS INVITÉS À S'ASSOCIER À L'ORGANISATION DU FORUM SOCIAL MONDIAL À BOMBAY, EN JANVIER 2004, ONT ADRESSÉE AUX ORGANISATEURS

DOCUMENT
En janvier 2004, le Forum social mondial se tiendra, cette fois, non à Porto Alegre (Brésil), mais à Bombay, en Inde. Le document dont nous publions des extraits a été rendu public par des responsables syndicaux indiens.
C'est avec le plus grand intérêt que nos lecteurs et les militants ouvriers de toutes tendances sollicités pour le Forum social européen de Paris–Saint–Denis (novembre 2003) en prendront connaissance. Signalons qu'à ce jour, selon les militants qui nous l'ont fait parvenir, cette lettre n'a pas reçu de réponse.

24 juin 2003. Au comité d'organisation indien, au groupe de travail indien, Forum social mondial, Inde
Chers amis,
Cela fait maintenant un certaIn temps que nous recevons des informations parvenant du Forum social mondial (FSM). Un certain nombre de nos camarades appartenant à nos syndicats ont participé au Forum social asiatique tenu à Hyderabad, ainsi qu'à une première réunion à Bombay, convoquée dans le but de discuter de l'organisation d'une session du Forum social mondial en Inde. Il nous a été suggéré de tous nous associer à la décision de tenir la prochaine réunion du Forum social mondial à Bombay, en janvier 2004 (…).
Après avoir pris connaissance des documents et lignes directrices du Forum social mondial en Inde, nous pensons que plusieurs questions restent sans réponse. Nous sollicitons les informations qui suivent dans l'espoir que votre réponse nous permettra de prendre une décision.
Tout d'abord, nous voudrions savoir si le Forum social mondial se définit lui–même comme un mouvement s'opposant au système impérialiste mondial. Se place–t–il dans la continuité du combat contre la mondialisation impérialiste, qui a franchi un pas à l'échelle internationale à la suite des manifestations qui ont marqué la réunion de l'OMC à Seattle, en 1999, ainsi que dans d'autres grandes villes des Amériques, d'Europe ou d'Australie à l'occasion de réunions de gouvernements impérialistes ou de grandes instances internationales?
Dans ce cas, nous nous demandons pourquoi le Forum social mondial s'est montré incapable d'organiser de telles manifestations significatives ces dernières années et utilise ses ressources à l'organisation de ces grands rassemblements mondiaux sans proposer la moindre action d'opposition directe aux agences de l'impérialisme.
Le FSM entretient–il un lien direct ou indirect, financier ou matériel, avec des institutions ou des gouvernements?
Nous sommes également troublés de voir qu'alors que le Forum social mondial s'est montré critique vis–&agraev;–vis de l'impérialisme américain, il jouit du soutien apporté de diverses manières par d'autres gouvernements ou agences de l'impérialisme, certains représentants de ces gouvernements participant même au Forum social mondial.
C'est la raison pour laquelle nous voudrions que soit clarifiée la question suivante : le Forum social mondial entretient–il un quelconque lien direct ou indirect, financier ou matériel avec des institutions ou des gouvernements qui soutiennent la mondialisation et ont leurs propres intérêts à promouvoir, même s'ils peuvent en venir à s'opposer de temps à autre à quelques aspects particuliers de la politique des autres puissances impérialistes (…)?
Nous voudrions avoir une définition claire de ce qui est appelé "société civile". Est–ce l'objectif du Forum social mondial que de créer "un autre monde", où les travailleurs, les patrons (qu'ils soient petits ou grands) et même les représentants des gouvernements impérialistes (qui participeront au Forum social mondial « à titre individuel raquo;) cohabiteraient sans intérêts opposés et contradictoires?
Puisque la charte des principes préconise la reconnaissance « mutuelle » entre les mouvements et organisations qui participent au Forum social mondial et que – selon les lignes directrices – ces mouvements et organisations incluent les travailleurs, d'une part, et des patrons et industriels, d'autre part, cette "reconnaissance mutuelle" ne revient–elle pas à faire accepter par les travailleurs le système d'exploitation tel qu'il existe? Est-ce faux ?
Jusqu'à présent, le combat contre la mondialisation est mené par les victimes de la mondialisation. Les lignes directrices politiques du Forum social préconisent l'ouverture aux patrons et industriels locaux aux côtés des travailleurs et des paysans.
Le Forum social mondial propose–t–il que les travailleurs collaborent avec les patrons et les industriels?
Nous ne pensons pas qu'en Inde, les patrons et industriels locaux constituent une section cachée, marginalisée, non reconnue et opprimée de la société, à laquelle les travailleurs devraient ouvrir un espace.
Ce sont les seuls à avoir bénéficié de la mondialisation (à l'exception de quelques petits patrons, qui ont été affectés par certains aspects de la politique pro–impérialiste du gouvernement). Le Forum social mondial propose–t–il que les travailleurs collaborent avec les patrons et les industriels (…) ?
Dans la mesure où l'organisation du Forum social mondial va demander beaucoup de temps et d'énergie, en tant que syndicalistes, nous voudrions savoir quelle contribution le Forum social mondial va apporter au mouvement syndical indien dans son combat pour l'émancipation du travail, particulièrement dans un contexte marqué ces dernières années par de violentes attaques contre les droits ouvriers et la protection sociale, comment vont être favorisés la lutte des classes et le combat pour une société sans classes.
Par exemple, nous serions heureux d'apprendre comment le Forum social mondial en tant que tel (nous ne posons pas la question à propos de telle ou telle organisation faisant partie du comité de préparation, nous savons que nombre d'entre elles ont joué un rôle important dans le combat) a contribué ou contribuerait à la satisfaction des revendications pour lesquelles nous avons participé à la grève générale en Inde, ui fut un succès, le 21 mai.br> Apporter des clarifications aux points soulevés nous permettrait de prendre une décision quant à notre participation au FSM
Apporter des clarifications aux points soulevés ci–dessus nous permettrait de prendre une décision, dans la mesure où la participation à la préparation du Forum social mondial signifie que nous devrions consacrer une énergie, des ressources en hommes et en temps disponible au détriment d'autres activités organisationnelles urgentes.
Cependant, quelle que soit notre décision, nous tenons à réaffirmer que nous sommes toujours prêts à nous joindre aux combats concrets contre la mondialisation impérialiste, source d'exploitation de notre pays et de notre peuple.
N. Vasudevan, cosecrétaire du Trade Union Solidarity Commitee
(semaine du 13 au 19 août 2003 – n°602)

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