ACCUEILARTICLE SUIVANTÉCRIRE

Pourquoi la Banque mondiale aime tant la "démocratie participative"

Comment faire payer la "dette externe" qui étrangle les peuples, comment faire passer les privatisations? La Banque mondiale le dit elle–même : le "seul moyen", c'est la "démocratie participative", appliquée à très grande échelle par les amis brésiliens de Besancenot et Krivine (qui animent un des courants du Parti des travailleurs du Brésil), en particulier dans l'État brésilien de Rio Grande do Sul et dans sa capitale, Porto Alegre.
Et ces gens–là organisent chaque année, avec l'association ATTAC, un "forum social mondial" présenté comme le rendez–vous des opposants à la "mondialisation néo–libérale"!

Dans un manuel qu'elle a édité pour ses fonctionnaires, la Banque mondiale, sous le titre "Impliquer l'opposition", écrit : "Dans l'exemple des municipalités du Brésil, il est devenu évident que le seul moyen d'éviter l'annulation des prêts de la Banque était l'implication directe des habitants des bidonvilles dans la conception des projets."
La Banque mondiale le dit elle–même: le "budget participatif" est le seul moyen de garantir le paiement de la dette. Comment? En conduisant les "représentants de la population" à éliminer eux–mêmes les revendications.
Cette méthode, qui conduit à la destruction des organisations ouvrières et populaires, a été condamnée sans appel par le peuple brésilien.
"LE SEUL MOYEN D'ÉVITER L'ANNULATION DES PRÊTS DE LA BANQUE ÉTAIT L'IMPLICATION DIRECTE DES HABITANTS"
En effet, les dernières élections générales au Brésil ont vu un raz de marée pour le Parti des travailleurs et son candidat à la présidentielle, Lula. Mais, à l'inverse, les élections locales, dans l'État de Rio Grande do Sul (le Brésil est un État fédéral), se sont traduites par un recul important en voix pour les candidats du PT les plus impliqués dans le "budget participatif" .
Ainsi, Tano Genro, ancien maire de Porto Alegre (capitale de l'État), auteur d'un livre sur le "budget participatif", dont la Banque mondiale a publié des traductions, se présentait pour succéder à Olivio Dutra (PT) au poste de gouverneur de l'État.
Résultat : au premier tour, il obtient 37,25 % des voix. Au second tour, il a été battu par le candidat de droite. Quatre ans plus tôt, Olivio Dutra, le candidat du PT de l'époque, avait obtenu 45,92 % des voix au premier tour et avait été élu au second.
C'est à Porto Alegre que s'est concentrée la perte des voix : alors que le nombre de votants augmentait considérablement (plus de 16 % de votants supplémentaires dans l'État), Tarso Genro a fait perdre au PT, dans la ville qu'il avait administrée, 86 236 voix par rapport à 1998 !
BERNARD LEDUC    (semaine du 20 au 26 novembre 2002 – n°565)
(1) The World Bank Participation Sourcebook, chapter III : "Practice Pointers in Participatory Planning and Decisionmaking" ("Pratiques de planification et de prises de décisions participatives").

Relire

DÉBUTARTICLE SUIVANTÉCRIRE

Le salut de la Banque mondiale à Porto Alegre

ÉCLAIRAGE
James Wolfensohn, président de la Banque mondiale, a adressé un salut chaleureux aux délégués du Forum social mondial de Porto Alegre qui vient de s'achever, sous le titre "Un monde meilleur est possible", clin d'œil appuyé au slogan de ce forum ("Un autre monde est possible"). Et pourtant, la Banque mondiale, avec le Fonds monétaire international, n'étrangle–t–elle pas les pays du monde entier?
"Durant la dernière décennie nous avons activement dialogue avec les organisations de la société civile, écrit Wolfensohn, y compris à travers les projets que nous finançons." C'est exact : 13 % des prêts de la Banque mondiale servent à financer la "participation" des ONG. 13 % de 17,3 milliards de prêts faits au cours de l'année 2001, cela fait 2,25 milliards de dollars, qui viennent s'ajouter chaque année à la dette des pays concernés. Et ce n'est qu'un début : "Le rôle des organisations de la société civile aux niveaux local et mondial continuera de s'accroître", ajoute Wolfensohn, qui conclut son salut par ces mots : "Mes collègues et moi–même avons suivi les débats des deux derniers Forums sociaux mondiaux et nous discuterons avec intérêt des idées et propositions qui émergeront cette année (…). Nous pouvons travailler ensemble beaucoup plus étroitement."
Les organisateurs du forum de Porto Alegre (dont ATTAC) indiquent de leur côté, dans un communiqué : "Malgré l'augmentation des inscriptions et les contributions des organisations internationales comme la fondation Ford des États–Unis (qui contribuera à hauteur de 500 000 dollars), du gouvernement de l'État de Rio Grande do Sul et de la municipalité de Porto Alegre (600 000 dollars au total), et du parrainage de la Petrobras et de la Banque du Brésil (400 000 dollars au total), les organisateurs projettent un déficit de 246 000 dollars."
Le gouvernement d'un État brésilien de "centre droit", une fondation américaine dirigée par des multinationales (voir Informations ouvrières, n° 572), une compagnie pétrolière, une banque ont donc officiellement financé le forum de "l'altermondialisation ". Quant au déficit annoncé, cela ne devrait pas poser trop de problèmes…
YAN LEGOFF     (semaine du 5 au 11 février 2003 – n°575)

Relire

DÉBUTACCUEILÉCRIRE