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"Les gouvernements occidentaux se rapprochent de plus en plus de nous" (Bernard Cassen, président d'ATTAC)

Bernard Cassen président d'ATTAC France, persiste et signe. Dans une interview à l'Agence France Presse, le 3 novembre, il déclare : "Jamais le président américain George W Bush n'a été aussi proche de nos positions (…). On peut dire globalement que les gouvernements occidentaux se rapprochent de plus en plus de nous. "
Le lendemain, « les principaux alliés européens des États–Unis se sont réunis à Londres dans la plus grande improvisation autour du Premier ministre britannique, Tony Blair, et ont réaffirmé leur "totale solidarité" avec Washington dans la guerre en Afghanistan » (AFP).
Dans ce pays, les bombardiers géants américains B 52 sont entrés en action. La presse parle du "lourd tribut payé par la population afghane ", tandis que le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, affirme que "les bombardements ne peuvent être plus précis" (Libération, 6 novembre). Cela n'empêche : les "gouvernements occidentaux se rapprochent de plus en plus de nous", martèle le président d'ATTAC.
On en reste coi.
Yan Legoff    (semaine du 7 au 13 novembre 2001 - n°512)

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Le Forum social et les retraites

L'association ATTAC a consacré un séminaire du Forum social européen à "la lutte pour les services publics, partie intégrante de la lutte contre la mondialisation libérale".
Dans un document sur le "processus de privatisation", un dénommé Michel Husson évoque, à juste titre, la question des retraites. Définissant les retraites par répartition, il écrit : "Dans les retraites par répartition, il y a un pot commun où les gens contribuent, en fait ce sont les entrepreneurs qui contribuent, et cette fraction de la masse salariale est ensuite répartie proportionnellement au nombre de retraités."
"Ce sont les entrepreneurs qui contribuent" ? Les cotisations qui financent les systèmes de retraite sont-elles payées par les employeurs? Non. La cotisation dite patronale et la cotisation dite ouvrière forment toutes les deux le salaire différé, appartenant au salarié, qui, au lieu de lui être versé directement, est versé aux caisses de solidarité ouvrière que sont les régimes de retraite. D'ailleurs, Michel Husson parle, lui-même, de "fraction de la masse salariale". Alors, pourquoi dire que "ce sont les entrepreneurs qui contribuent" ?
"Fraction de la masse salariale", les cotisations sont répercutées dans le prix de revient des marchandises, que les salariés, la majorité de la population, payent comme consommateurs.
Donc, les patrons mentent quand ils parlent des "charges des entreprises". Et ce mensonge a un seul but : remettre en cause les régimes de retraite pour faire main basse sur ce salaire différé et l'injecter dans les fonds de pension et la spéculation. Pourquoi ne pas le dire?
Michel Husson nous explique que les contributions sont ensuite "réparties proportionnellement au nombre de retraités". Qu'est-ce que cette histoire?
"CE SONT LES ENTREPRENEURS QUI CONTRIBUENT"?
Tout salarié sait bien que le montant de sa retraite n'est pas calculé au prorata du nombre de retraités, mais en fonction de la durée de cotisation et du salaire de référence. C'est le lien entre le contrat de travail et la retraite qui est à la base des retraites par répartition.
Détail technique? Non, car si le montant des retraites dépendait du nombre de retraités, alors le "papy boom" de 2005 se traduirait inéluctablement par une baisse de la retraite pour chacun, comme on l'entend dire mensongèrement!
L'exigence du retour aux 37,5 annuités pour le privé deviendrait-elle alors déplacée ? Ces questions sont concrètes!
Alors, pourquoi dire des choses fausses?
A juste titre, Michel Husson dénonce les exonérations dont les patrons ont bénéficié depuis des années. On peut s'étonner, toutefois, de le voir ajouter : "Sans se poser la question de savoir si ces baisses de charges seraient compensées dans le budget de la Sécurité sociale".
Certes, il est scandaleux que le gouvernement Jospin n'ait pas remboursé à la Sécurité sociale la totalité des exonérations votées avec la loi Aubry dite "des 35 heures". Mais une question reste entièrement posée : la compensation des exonérations, c'est le budget de l'État, c'est l'impôt. Faut-il que les employeurs continuent d'être exonérés et que la Sécurité sociale soit financée par l'impôt? C'est ce qu'a commencé à instaurer Michel Rocard avec la CSG. Quel en est le résultat?
Le gouvernement Raffarin nous explique aujourd'hui qu'il faut "séparer ce qui relève de la solidarité nationale (donc une assurance a minima financée par l'impôt – NDLR) et ce qui relève des assurances complémentaires" (donc du privé) (voir article dans ce journal)
Il veut tourner la page de la Sécurité sociale de 1945 garantissant à tous l'égal accès aux soins et des retraites calculées à partir des salaires d'activité. C'est par là que passe l'offensive brutale des fonds de pension.
NICOLE VILLA    (semaine du 13 au 19 novembre 2002 - n°564)

REMARQUE
Parlant des fonds de pension, Michel Husson nous dit qu'avec la retraite par capitalisation, "Votre retraite ne sera payée qu'en fonction de ce que vous aurez versé, vous individuellement, et sans aucune péréquation entre les différents individus". Certes, mais, en réalité, que toucherions-nous de notre retraite? Michel Husson parle ailleurs de l'effondrement d'Enron, dont "les salariés ont perdu non seulement leur emploi, mais aussi leurs retraites".
Y aurait-il, d'un côté, une "affaire Enron", frauduleuse, et de l'autre côté, un système par capitalisation où l'on toucherait ce que l'on aurait versé? Le sort des salariés d'Enron, c'est notre avenir si la mobilisation unie des salariés et de leurs organisations ne stoppe pas les plans meurtriers contre les retraites.

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Les généreux donateurs d'ATTAC

En 1999, ATTAC a touché 876 400 F de subventions. Qui sont les généreux donateurs pour cette année 1999 ? "ATTAC reçoit des subventions de la Commission européenne, du CNASEA (1) pour les emplois-jeunes." (Informations extraites du rapport financier 1999.)
En 2000, la récolte est plus abondante: 1 019 000 F. Parmi les donateurs : Commission européenne, 325 000 F ; municipalité de Saint-Brieuc, 50 000 F ; conseil général des Côtes-d'Armor, 50 000 F ; communauté d'agglomération de Saint-Brieuc, 30 000 F, et région PACA-ville de La Ciotat, 60 000 F ; ministère de la Culture, 200 000 F ; région PACA, 80 000 F ; La Ciotat, 10 000 ; subvention emplois-jeunes (CNASEA), 214 000 F. (Rapport financier 2000.)
En 2001, la pêche aux subventions s'avère encore plus fructueuse : 208 000 euros. Donateurs : Commission européenne, 42 000 euros ; CNASEA (emplois-jeunes), 38 000 euros ; secrétariat d'État à l'Économie solidaire, 38 000 euros ; conseil général des Bouches-du-Rhône, 38 000 euros ; région PACA, 22 000 euros ; ministère de l'Education nationale, 11 000 euros ; ministère de la Culture, 7 000 euros ; ville de Tours, 7 000 euros... (Informations extraites du rapport financier 2001.)
En 2002, le résultat n'est pas encore connu, mais les ambitions sont énormes. L'espoir de soutirer 120 000 euros (informations extraites du compte rendu du conseil d'administration des 22 et 23 août 2002) à la Commission européenne est grand. Pour cela, il suffit d'un dossier bien ficelé.
C.L.    (semaine du 20 au 26 novembre 2002 - n°565)
(1) Organisme gouvernemental français finançant les "emplois jeunes".

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Les assises nationales d'ATTAC

À LA SUITE DU "FORUM SOCIAL EUROPÉEN" DE FLORENCE

L'association ATTAC va réunir des assises nationales le 30 novembre, à La Rochelle. L'association était la principale organisatrice du "Forum social européen" qui vient de tenir à Florence (Italie).
L'hebdomadaire conservateur allemand Die Zeit (14 novembre), sous le titre "Les antimondialisations opèrent un tournant", s'est félicité de la tenue du "Forum social européen" de Florence en ces termes : "Le plus grand progrès de cette rencontre a été que les éléments radicaux et militants sont restés marginaux (...). Aux tribunes, on n'entendait plus des discours incendiaires pour l'abolition de l'OMC, de la Banque mondiale ou du FM!."
ATTAC, dans son bulletin officiel (Courrier d'information, n° 380, 19 novembre), confirme cette analyse : "Le mouvement altermondialiste en Europe n'est pas contre l'idée d'une Union européenne, mais est au contraire largement proeuropéen."
Et de se réjouir : "Au moment où la convention sur l'avenir de l'Europe (présidée par Giscard pour élaborer un projet de "Constitution" européenne - NDLR) s'apprête à confier le résultat de ses travaux aux États membres, toute une série d'alternatives largement consensuelles se dégagent. Particulièrement, l'établissement d'une Europe sociale (...)."
S'agit-il pour autant d'un "tournant", comme le dit Die Zeit? Certes, ATTAC n'hésite pas aujourd'hui à présenter l'Union européenne comme "le moteur institutionnelle plus approprié pour jeter les bases d'une mondialisation à finalité humaine" (même source). Mais dès sa création, ATTAC, sans doute plus discrètement, affichait aussi la couleur, en présentant l'euro, création du traité de Maastricht, comme "un point d'appui à la mise en place de la taxe Tobin" (1).
Peut-on, d'un côté, prétendre combattre les privatisations et, de l'autre, s'appuyer et être financé par des institutions (comme l'Union européenne) qui les organisent? Il semble que la question est désormais posée même par des adhérents d'ATTAC.
MIGUEL CRISTOBAL    (semaine du 27 novembre au 3 décembre 2002 - n°566)
(1) François Chesnais, responsable du conseil scientifique d'ATTAC, le 25 janvier 1999, lors d'un séminaire international à la Maison de l'Amérique latine, à Paris.

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Qui est Jacques Nikonoff, le nouveau président d'ATTAC ?

Qui est Jacques Nikonoff, le nouveau président d'ATTAC ? C'est un membre dirigeant "critique" du PCF ; jeune ouvrier à La Courneuve, il est devenu énarque et économiste, lit-on dans la presse.
"Il manque deux éléments pour compléter le curriculum vitae", nous écrit un correspondant de l'Hérault. "Nikonoff est membre du comité exécutif de la fondation Canal +, filiale du groupe Vivendi Universal. Parmi les projets soutenus par cette fondation, citons-en un : une aide de 200 000 F pour financer des actions de communication et le conseil juridique de l'association Droits devant."
Quel intérêt aurait cette multinationale à subventionner cette association? Et pourquoi cette responsabilité de Nikonoff est-elle occultée?
Deuxième mandat de Nikonoff, également non médiatisé : bien qu'ayant quitté le collège exécutif du PCF, il est toujours membre du bureau de la commission "statut de l'actif" attachée au conseil national du PCF. Nous y reviendrons la semaine prochaine.
(semaine du 27 novembre au 3 décembre 2002 - n°566)

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ATTAC se choisit des alliés

ATTAC a tenu des assises nationales à la Rochelle, les 30 novembre et 1er décembre, d'où est issue une nouvelle direction. On y a entendu, chez ces dirigeants, aussi bien des dénonciations nettes des privatisations que l'annonce d'une alliance avec les partisans des "ouvertures au capital" des services publics.
Que croire? Dire une chose, puis laisser entendre le contraire, n'est-ce pas le double langage qui mine la vie politique?

"Jospin est le plus grand privatiseur de la Ve République", a déclaré Jacques Nikonoff, le nouveau président d'ATTAC, en conclusion de ces assises, invitant les partis politiques à "analyser leurs erreurs", "particulièrement depuis le tournant de la rigueur de 1982-1983". Il s'est insurgé de manière générale contre "la tentative de destruction du système de retraite et de soins, les privatisations, les organisations (!) du chômage".
Responsable du groupe international d'ATTAC, Christophe Aguitton (1), en dénonçant la "brutalité des politiques libérales qui sont de plus en plus violentes", a résumé ainsi la position de l'association : "Il faut construire des alternatives. Maintenant, nous ne sommes plus seuls : au Forum social européen de Florence, il y avait la Confédération européenne des syndicats (CES). Nous avons des alliés."
"L'Union européenne est un espace pertinent pour mettre en place nos principes"
De quel "allié" s'agit-il? La bien mal nommée "Confédération européenne des syndicats" est à l'origine d'un projet de directive européenne, en commun avec le patronat européen (CEEP), sur les "services d'intérêts généraux", qui dit notamment :
"L'ouverture des marchés à la concurrence peut être le moyen d'améliorer l'efficacité dans tous les domaines, les ports, les réseaux ferroviaires, les aéroports (...), mais aussi la santé, l'éducation (...), l'information, l'énergie, l'eau (...)."
Peut-on, d'un côté, dénoncer les privatisations et, de l'autre, s'allier à ceux qui, comme la CES, s'affirment ouvertement au service de l'Union européenne et de ses directives de privatisation?
Insistons : la CES proclame également, dans la contribution qu'elle a remise à la "Convention européenne" présidée par Giscard, qu'il "y a un besoin manifeste d'intensifier le soutien de la population au projet d'intégration européenne", dont, selon elle, "le marché et la monnaie unique sont des éléments importants".
Les dirigeants d'ATTAC partagent-ils cette conception ? "L'Union européenne est un espace pertinent pour mettre en place nos principes. C'est une construction essentielle", ont-ils répété à La Rochelle.
GÉRARD MORIN     (semaine du 4 au 10 décembre 2002 - n°567)
(1) Christophe Aguitton, fondateur de SUD-PTT, est un dirigeant de la LCR d'Olivier Besancenot et d'Alain Krivine.

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"Organiser le statut de l'actif de 16 à 70 ans"

LE PRÉSIDENT D'ATTAC, LES LICENCIEMENTS ET LES RETRAITES

DOCUMENT
Le nouveau président d'ATTAC, Jacques Nikonoff, a qualifié "le chômage, la précarité et la pauvreté" comme "une violation des droits humains", contre laquelle "Ia contrainte du droit doit s'exercer". Il a, par ailleurs, fustigé le plan du gouvernement sur les retraites. Mais quelles sont, sur ces points, les propositions de Jacques Nikonoff ? Toujours membre du bureau de la commission "statut de l'actif" du conseil national du PCF, il a participé à un séminaire organisé par cette commission au siège du PCF, le 24 novembre de l'an passé. Voici quelques morceaux choisis des "blocs de problèmes" retenus par ce séminaire dans ses conclusions.
« Comment un statut de l'actif peut-il renouveler totalement la question des licenciements ? Quel que soit le système économique, les lieux de production (publics ou privés) doivent ajuster leur main-d'œuvre à leurs besoins, qui dépendent eux-mêmes de la demande des citoyens. Des licenciements sont dus à des disparitions d'entreprises : certaines sont justifiées, la production évolue.
La proposition d'interdiction des licenciements a donc été rejetée. La question n'est pas d'interdire les licenciements, mais d'interdire leurs conséquences humaines et sociales, ainsi que celles, plus généralement, du chômage."
"La vie active s'étale sur 54 ans"
« Un statut de l'actif devrait permettre l'application du principe "pas de licenciements sans reclassement". Les modalités d'application concrètes de ce principe doivent être débattues entre nous (...).
13. Un statut de l'actif peut-il respecter la personne individuelle? Le devoir de travailler est général, mais il n'est pas nécessairement permanent, d'autant plus si la vie active s'étale sur 54 ans (...).
16. Comment un statut de l'actif peut-il modifier les âges de l'activité?
Des propositions ont déjà été faites pour organiser le statut de l'actif de 16 ans (fin de la scolarité obligatoire) à 70 ans, ce qui implique une définition souple de l'activité et un droit à des retraits temporaires de l'activité. Les modalités concrètes doivent maintenant être envisagées (...). »

COMMENTAIRE
Marx voulait la disparition du salariat et du mode d'exploitation capitaliste, et donc de la propriété privée des moyens de production. Manifestement, ce n'est pas le point de vue de Nikonoff qui veut le remplacement du salaire, du contrat de travail et des garanties collectives arrachées par le mouvement ouvrier par un revenu universel d'existence tout au long de la vie active, qui irait de 16 à 70 ans.
Les salariés et les organisations syndicales revendiquent 37,5 années de cotisation pour tous public et privé, Nikonoff envisage de repousser l'âge de la retraite à 70 ans.
C'est son droit de penser tout cela et de le dire dans un séminaire du PCF. Mais pourquoi laisser entendre le contraire devant les médias ?
DAVID LANZAC      (semaine du 4 au 10 décembre 2002 - n°567)

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LE FINANCEMENT DU PROCHAIN FORUM SOCIAL EUROPÉEN

Le "deuxième forum social européen se tiendra à Saint-Denis et Ivry, et peut-être Paris, en novembre", a annoncé Jacques Nikonoff. Ce sera la grande affaire d'ATTAC. La mairie de Paris (PS) a annonce son soutien financier et "se propose de fournir une aide totale de 1,25 million d'euros – un million d'euros de financement et 250 000 euros de logistique" (AFP, 6 novembre).
Aux assises d'ATTAC, il a été dit que le conseil général du Val-de-Marne (PCF) aurait promis 250 000 euros. La communauté d'agglomération de Saint-Denis (PCF) et l'ensemble des associations et collectivités locales auraient promis 1,5 million d'euros.
(semaine du 11 au 17 décembre 2002 - n°568)

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Est-ce donner "la primauté aux personnes" que d'augmenter leur loyer de 80% ?

LE MAIRE DE SAINT-DENIS, ATTAC ET LE DROIT AU LOGEMENT

Le maire de Saint-Denis, Patrick Braouezec (PCF), affiche volontiers son appartenance à ATTAC et son engagement pour la "démocratie participative" : il accueillera d'ailleurs, en novembre 2003, le "Forum social européen". Dans un récent supplément au Monde diplomatique, il applique sa conception à la question du "droit au logement" (1). Nous avons demandé à une lectrice, habitante de Saint-Denis, de confronter cet article à la réalité de la politique du maire sur cette question.
Monsieur Patrick Braouezec affirme vouloir "donner un contenu au droit au logement", "dans la rencontre entre le volontarisme des élus et la vivacité, l'imagination et le militantisme des habitants".
EST-CELA "L'UTOPIE PRATICABLE" DE PATRICK BRAOUEZEC ?
Dans notre cité Grimau, à Saint-Denis, avons-nous été "imaginatifs" en disant : "Nos loyers ont payé les travaux de rénovation. Non à toute hausse de loyer après rénovation" ?
"Militants", nous l'avons été assurément, combattant depuis deux ans. En juillet 2001, nous avons "avec vivacité" défendu cette exigence dans une délégation de seize locataires auprès de M. Braouezec, lequel a répondu : "Dans d'autres cités, même une réhabilitation n'est plus possible. On a alors une démolition-reconstruction et, de toute façon, le loyer passe du simple au double (...).
Notre loyer de base est entre 800 et 1 000 F. Aujourd'hui, en région parisienne, vous ne trouverez pas de logement social à ce prix-là."

Nous avons déploré, ce jour-là, que le "volontarisme" de M. Braouezec n'aille pas dans le même sens que notre "militantisme".
Nous sommes réintervenus en mai 2002 auprès de M. Braouezec et de tous les élus municipaux :
"Notre immeuble n'avait pas été réhabilité depuis sa construction, il y a trente-huit ans, et une hausse de 80 %, étalée sur un maximum de trois ans, serait appliquée aux plus anciens."
Non seulement nous n'avons jamais eu de réponse, mais l'augmentation a été appliquée au 1er août 2002, alors que les travaux n'étaient pas terminés, conduisant les locataires à décider une grève des paiements de la hausse.
Notre expérience éclaire d'un jour particulier la "démocratie participative" appliquée par M. Braouezec dans notre ville.
Quand il préconise une "démarche coopérative" pour le logement, en affirmant qu'elle "donne la primauté aux personnes", que "c'est une piste de transformation sociale", on se pose la question : est-ce donner "la primauté aux personnes" que d'augmenter leur loyer de 80 % ?
Est-ce cela, "l'utopie praticable", dont il parle dans son article?
On voit donc se dessiner les contours de "l'autre monde possible" préconisé par les "forums sociaux" de Porto Alegre, Florence hier, et Saint-Denis demain : c'est un monde où "le tout social et public est confronté à ses propres limites en termes de financement par l'État", comme l'écrit Patrick Braouezec lui-même.
C'est donc un monde où il y aurait moins de social, moins de service public. En quoi ce monde diffère-t-il de ce que dicte l'Europe de Maastricht?
CLAUDINE CHEVREAU     (semaine du 11 au 17 décembre 2002 - n°568)
(1) "Une démarche coopérative pour le droit au logement", Le Monde diplomatique, supplément "Economie sociale", novembre 2002.

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Si c'est bon pour la multinationale, c'est bon pour ATTAC ?

Le président d'ATTAC, Jacques Nikonoff, s'est félicité, le 13 décembre, de la décision annoncée aux États-Unis par la multinationale Coca-Cola de ne publier désormais aucune prévision de bénéfice par action trimestriel ou annuel. "Tout ce qui permet de réduire le court-termisme, des investisseurs est, bon pour l'entreprise", a-t-il déclaré (AFP).
Si c'est "bon" pour la multinationale, c'est bon pour ATTAC ? Décidément, la lutte que cette association revendique contre "la mondialisation libérale" emprunte de drôles de chemins.
(semaine du 18 au 29 décembre 2002 - n°569)

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La guerre en Irak : « un choc nécessaire », selon ATTAC !

Non, vous ne rêvez pas... Les lignes suivantes ont bel et bien été écrites par un porte-parole d'ATTAC et peuvent être lues dans le bulletin de cette association, sur son site Internet.
« L'avenir semble bien sombre. Et pourtant, des crises majeures de l'humanité sont souvent ressorties des solutions ambitieuses (...). La guerre diplomatique mondiale et la guerre préventive unilatérale que nous avons sous les yeux peuvent provoquer le choc nécessaire aux futures grandes œuvres politiques internationales. »
Des milliers de morts en Irak, une nation disloquée, livrée au chaos... Mais pour Arnaud Zacharie, auteur de ces lignes (1), porte-parole d'ATTAC-Belgique, il faudrait s'en réjouir, car ce serait « un choc nécessaire ».
De quelles « grandes œuvres » nous parle-t-il? Ce porte parole d'ATTAC avance des précédents historiques. « Sur les cendres du krach boursier de 1929, de la grande dépression des années trente et de la Seconde Guerre mondiale sont nés le système de coopération monétaire international de Bretton Woods, le système de sécurité collective de l'ONU et l'ébauche de l'actuelle Union européenne. » Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, qui étranglent les peuples ; l'ONU, qui, durant dix ans, a affamé le peuple irakien, avant de le désarmer pour mieux le faire écraser sous les bombes américaines ; l'Union européenne, bras armé du capital financier pour détruire toute législation sociale nationale en Europe : un immense progrès, qui valait bien les dizaines de millions de morts d'Auschwitz, de Stalingrad ou d'Hiroshima!
Selon notre distingué « altermondialiste », le sang des femmes et des enfants irakiens devrait aujourd'hui permettre « la constitution d'une Europe politique », la « démocratisation du système des Nations unies » ou encore « l'établissement de nouvelles régulations financières internationales ». Car pour ce monsieur, il est bien clair que les peuples peuvent crever, pourvu que s'adapte pour survivre le système capitaliste décomposé!
YAN LEGOFF     (semaine du 23 au 29 avril 2003 - n°586)
(1) Le Grain de sable, courrieI d'information d'ATTAC-France, n° 417,15 avril 2003, Consultable sur le site Internet : www.attac.org

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ATTAC, sollicite l'appui financier du gouvernement et de la Commission européenne

Le 14 janvier dernier, l'ex-président d'ATTAC, Bernard Cassen, était reçu à Matignon pour demander des subventions pour le Forum social européen. Le Figaro en donne le compte rendu suivant.
« Le gouvernement est "naturellement" prêt à soutenir" l'organisation du prochain rendez-vous européen des antimondialistes. C'est le message délivré, mardi par Matignon, à une délégation d'ATTAC venue réclamer une aide financière pour le Forum social européen (FSE), qui se tiendra en novembre prochain à Paris et à Saint-Denis.
A la tête de la délégation : le directeur général du Monde diplomatique, et ex-président d'ATTAC, Bernard Cassen. Sa mission : boucler le budget du FSE, estimé à 4,5 millions d'euros. Depuis des mois, Cassen frappe à la porte des collectivités territoriales. Il a obtenu 1,5 million d'euros de la ville de Saint-Denis et du département de Seine Saint-Denis; la ville de Paris s'est engagée à hauteur de 1,25 million d'euros et le département du Val-de-Marne a promis 250 000 euros.
Manque encore un million. Pour le trouver, les organisateurs comptent sur la région Île-de-France, l'Europe et... le gouvernement français.
Cassen attendait depuis plusieurs mois que Jean-Pierre Raffarin lui désigne un interlocuteur : Il est sorti tout sourire de son entrevue avec le conseiller diplomatique du Premier ministre, Serge Degallaix. "Nous avons reçu un très bon accueil", se réjouit-il (...). "J'ai demandé l'appui financier du gouvernement." Serge Degallaix "ne s'est engagé sur aucune somme"- il n'en a pas le pouvoir. Mais il a, selon Cassen, expliqué que l'État est disposé à "apporter un appui financier" pour l'organisation du Forum social européen. De surcroît, le gouvernement français "nous aidera dans nos démarches auprès de la Commission européenne et du Parlement de Strasbourg". »
(Le Figaro, 17 janvier 2003)
(semaine du 30 avril au 6 mai 2003 - n°587)

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ATTAC et Chirac forment un "groupe de travail"

Les chefs d'État des huit plus grandes puissances du monde, réunis dans le G 8, se rassembleront en France, à Évian, début juin. C'est devenu un rituel, il y aura un « contre–sommet », à l'initiative d'associations diverses, dont ATTAC. « Contre » –sommet ou appendice « social » du sommet officiel? On peut se poser la question, à la lecture du compte rendu de la réunion entre Jacques Chirac, hôte du sommet officiel, et ces associations, le 30 avril.
Le 30 avril, beaucoup de Français, sans doute, devaient penser à leur retraite et à la manière dont le gouvernement voudrait les détruire. Ce jour–là, le président d'ATTAC, Jacques Nikonoff, était, quant à lui, reçu à l'Élysée par le président en personne. « Au nom d'ATTAC, a déclaré Nikonoff, je voudrais vous faire part de notre soutien total pour votre action, ainsi que celle du ministre des Affaires étrangères, contre la guerre en Irak… Vous avez œuvré pour la paix, contre un monde unipolaire, pour le respect du droit international, et nous saluons votre courage politique. Vous avez grandement contribué au rayonnement de la France. » (1).
Il est certain que le gouvernement français s'est opposé pour ses raisons à la guerre américaine en Irak. Une position qui s'éclaire aujourd'hui par la participation, le 29 avril, de Jacques Chirac à un sommet sur l'Europe de la Défense. La déclaration adoptée a souligné « le caractère fondamental du partenariat stratégique entre l'Europe et les États–Unis dans le cadre de l'OTAN », Chirac précisant : « Nos pays conçoivent en effet leurs engagements dans l'Union européenne et dans l'OTAN comme des engagements complémentaires. En construisant une Europe plus forte, nous aurons une Alliance atlantique plus forte. » (AFP)
Ce serait donc cette politique qui aurait le « soutien total » d'ATTAC, qui prépare également un « Forum social européen raquo; en novembre prochain? La « complémentarité raquo; entre l'OTAN, dominée par l'armée américaine, et l'Union européenne!
Bien sûr, le dirigeant d'ATTAC a nuancé cet acte d'allégeance à Chirac en déclarant : « En revanche, nous contestons les politiques menées par les pays du G 8, notamment la France, dans le domaines des retraites, de l'emploi, de la santé et de l'éducation. » Mais, pour Nikonoff, tous les espoirs sont permis : « Nous vous invitons à poursuivre, sur le plan intérieur, l'action que vous avez menée sur le plan extérieur. Voilà quelques–unes des raisons qui nous amèneront à manifester, pacifiquement, lors de ce sommet du G 8. » Faudrait–il donc, comme le fait Chirac à propos de la guerre, se prévaloir de l'Europe sur la question des retraites? Mais que dit l'Union européenne sur le sujet? Qu'il faut « allonger de cinq ans » l'âge moyen de départ à la retraite…
Selon le compte rendu de cette réunion, « un échange s'en est suivi, lors duquel le président de la République, tout en contestant la taxe Tobin, a reconnu l'intérêt de taxes globales et accepté la création d'un groupe de travail sur ces questions ».
Nikonoff a répondu : « La taxe Tobin est une excellente idée. Elle doit se conjuguer à d'autres taxes globales. ATTAC est disponible pour participer au groupe de travail dont vous venez d'accepter le principe. »
Selon une dépêche de l'agence Reuters, Jacques Chirac, lors de cette rencontre, a souligné « l'esprit de responsabilité » des associations et des ONG. Il a salué avec insistance l'action des « altermondialistes », qui ont « une mission d'alerte, une mission d'expertise et de proposition, une mission d'humanité », et qui contribuent, a poursuivi Chirac, à « l'émergence d'une société civile internationale, d'un pôle social de la mondialisation », à laquelle il attache « un grand prix ».
Des « opposants » comme ceux–là, en effet, cela n'a pas de prix…
YAN LEGOFF    (semaine du 7 au 13 mai 2003 – n°588)

(1) Ce compte rendu est disponible à l'adresse Internet suivante : www.bellaciao.org/g8evian/article.php3?id_ article=9

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Le calendrier d'ATTAC

De nombreux travailleurs s'interrogent sur la succession des « journées d'action » qui se sont avérées inefficaces, chacun peut le constater, pour contraindre le gouvernement à retirer son plan contre les retraites. Il est évident que le gouvernement joue la montre. Grève totale dans l'unité jusqu'au retrait ou éparpillement des mobilisations. ?
Le choix d'ATTAC, par exemple, est sans ambiguïté. Dans la manifestation du 13 mai, l'association a distribué un tract où on lit : « Après le 1er et le 6 mai, tous dans la rue le 13, le 19 et le 25 » Et si cela ne suffisait pas, ATTAC ajoute à cette liste : « Et aussi le 1er juin, contre le G 8 », mais cette fois... « à Annemasse et à Genève » !
Au passage, ce tract, qui dénonce « la démolition sociale sans précédent », ne comprend aucune revendication, les mots 37,5 annuités n'y figurent pas. Un oubli?
(semaine du 14 au 20 mai 2003 - n°589)

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ATTAC et la "laïcité ouverte"

Il me semble important de rajouter à la brochure Forum social ou lutte des classes une information, qui devrait en intéresser plus d'un, quant à la création de la fameuse ATTAC.
En juin 2001, j'ai été invitée, en tant que salariée d'une association de lutte contre l'illettrisme, à l'assemblée générale de la Fédération nationale des associations de lutte contre l'illettrisme (FENALI), où le président en personne a présenté ATTAC, dans le but d'y faire adhérer cette fédération, dont les statuts relèvent de la loi de 1901. Il a bien précisé qu'ATTAC avait été créé par Le Monde diplomatique et Témoignage chrétien.
L'adhésion a été ipso facto votée à l'unanimité, moins une voix. On ne peut donc pas soupçonner la FENALI de dire des mensonges.
Lorsque, au moment du déjeuner, je me suis retrouvée en face du président, je lui ai demandé ce qu'il advenait de la laïcité garantie par la loi 1901 ; il m'a répondu qu'ATTAC pratiquait la « laïcité ouverte »...
C'est exactement ce que préconise l'Église. A méditer.
M. H. - POITIERS (VIENNE) (Courrier d'un lecteur) (semaine du 21 au 27 mai 2003 - n°590)

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Le Forum social européen et l'argent des contribuables

G 8 : "COMMENT CHIRAC A AUSSI PRÉPARÉ LE CONTRE–SOMMET"

C'est Le Journal du dimanche lui–même qui relate le 25 mai « comment Chirac a aussi préparé le contre–sommet ».
« Depuis la fin 2002, les responsables d'ATTAC et des autres organisations présentes au contre–sommet sont en effet reçus par Jacques Chirac lui–même, avec ses collaborateurs. Tout semble avoir été négocié dans une excellente ambiance.
Ainsi, au cours de leur dernière entrevue, le nouveau président d'ATTAC, l'économiste Jacques Nikonoff, a–t–il lancé au chef de l'État :
" Nous savons tous à quel point vous vous intéressez à la culture et à la vie japonaise. Aussi, nous avons pensé vous faire plaisir en vous apportant une pétition signée par 3 000 Japonais vous demandant la grâce de José Bové. " Éclat de rire général, y compris de Jacques Chirac, qui a pris la pétition. "
Bien que ne partageant pas les positions de José Bové, on ne peut qu'être stupéfait par un tel « éclat de rire général ».
Le Journal du dimanche ajoute : « Le gouvernement participe pour plus d'un million d'euros au contre–sommet. »
Comme quoi, entre le sommet et le contre–sommet, il n'y a pas de mur infranchissable. Il n'y a pas que la musique qui adoucit les mœurs, l'argent également.
(semaine du 28 mai au 3 juin 2003 – n°591)

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Les explications de Cassen et Nikonoff

L'ex-président d'ATTAC, Cassen, a fait, il y a quelques temps, une mise au point concernant le versement de subventions. « Ce n'est pas l'argent du gouvernement ; c'est celui des contribuables. » C'est bien pourquoi je n'ai pas de scrupules à en demander, pas plus à Matignon qu'aux mairies de Saint-Denis et Paris. (Lu sur le site ATTAC 83.)
Les contribuables en question apprécieront à n'en pas douter l'absence de scrupules de M. Cassen. D'ailleurs, ont-ils été consultés? Évidemment non, mais d'accord ou pas avec le « forum social », ils paient.
Poursuivons. Le successeur à la présidence d'ATTAC, Nikonoff, économiste de profession, a précisé sur le même sujet : « Si le gouvernement subventionne le FSE de Paris-Saint-Denis, c'est parce que la force du mouvement altermondialiste lui impose. C'est comme les salariés d'une entreprise qui demandent une augmentation de salaire. Si le patron l'accorde, c'est parce que le rapport de force a été favorable aux salariés. Il n'a jamais été vu, pour l'instant, des cas où les salariés refusent ces augmentations au motif qu'elles risqueraient de donner l'impression qu'il s'agit "de collaboration de classe". »
Décidément, ces messieurs ne manquent pas d'air, ni d'une certaine dose de cynisme et d'un mépris non moins certain. Se comparer et comparer les organisateurs de ces « forums sociaux » (parmi lesquels les responsables du Monde diplomatique, etc.), auxquels les différents gouvernements quelle que soit leur couleur politique, d'ailleurs - versent subventions sur subventions, envoient des représentants officiels dans lesdits forums, quand ce ne sont pas les ministres eux-mêmes, à des salariés combattant pour des augmentations de salaire, il fallait oser l'écrire. C'est chose faite. Toute honte bue.
GÉRARD BAUVERT     (semaine du 28 mai au 3 juin 2003 - n°591)

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Après "l'altermondialisation", "l'alterlaïcité"?

Les candidats au BEP industriel, session de juin 2003, ont trouvé parmi les documents historiques sur lesquels ils devaient plancher un texte sorti du site Internet... d'ATTAC (Alain Touraine, 19 octobre 2002)
Et voici une des questions à laquelle il leur était demandé de répondre : "Après le vote des lois historiques, par quel moyen l'association ATTAC pense-t-elle faire avancer l'égalité entre hommes et femmes?"
Les enseignants de lycée professionnels ont reçu comme spécimen de manuel d'histoire-géographie à usage des classes de bac professionnel un livre. En couverture : la photo du premier rang de la manifestation du sommet social de Porto Alegre...
Après le financement de cette organisation par l'État, voilà qu'elle bénéficie maintenant de la propagande publique via les sujets d'examens et les manuels scolaires, au mépris du respect de la liberté de conscience des enseignants et des élèves.
Après "l"altermondialisation", "l'alterlaïcité" ?
(semaine du 28 mai au 3 juin 2003 – n°591)

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La taxation des revenus financiers.

Dans cette période de grèves et de manifestations contre le projet Raffarin de remise en cause du système de retraites, on voit fleurir nombre de textes économiques, relayés par de grands quotidiens, textes écrits par des économistes qui ont tous la particularité d'être à ATTAC, ou du moins d'en être proches. Ils nous disent (...), que, pour financer les retraites, « y' a qu'à taxer » les profits.
Il faut bien considérer le danger de ces propos.
Si nous poussons leur logique jusqu'au bout, ce qu'ils se gardent bien de faire, on arrive à une situation pour le moins paradoxale : les salariés, pour s'assurer des retraites confortables, ont donc tout intérêt à ce que les profits des entreprises augmentent, de manière à dégager plus de fonds pour les caisses de retraite.
Nous savons bien que les profits ne peuvent être réalisés qu'au prix d'une exploitation sans vergogne des classes laborieuses, de licenciements massifs, d'une déréglementation généralisée, d'une remise en cause des Codes du travail nationaux. La régionalisation en cours ne poursuit d'ailleurs pas d'autre but.
Le fait de penser financer à long terme les retraites en taxant les profits, induit de plus une confiance dans ces dits profits, et, par conséquent, dans le système capitaliste qui les génère. Comment peut-on, d'une part, prétendre lutter contre la mondialisation capitaliste, objectif avoué d'ATTAC, et, d'autre part, entériner le capitalisme comme système économique indépassable ? Le système fondé sur la propriété privée des grands moyens de production conduit inéluctablement le monde à la barbarie.
Il est à noter que ce sont les mêmes économistes qu'on retrouve dans les forums sociaux, financés par l'Union européenne, qui exigent de démanteler le service public (...).
En revanche, ces mêmes économistes se gardent bien de dévoiler les presque 20 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales des entreprises en 2002, peut-être pour pouvoir dire en octobre qu'une « bonne réforme » de la Sécurité sociale est nécessaire...
P. G.  SAINT-CESAIRE (ALPES-MARITIMES)  (courrier d'un lecteur)
(semaine du 25 juin au 1er juillet 2003 - n°595)

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L'Union européenne, porte–parole d'ATTAC?

Nous apprenons que « plusieurs dizaines d'associations altermondialistes (dont ATTAC et la Ligue des droits de l'homme) et syndicats (CGT, G 1O, FSU, CFTC, FGTE–CFDT) redoutant la perspective d'une ouverture à la concurrence de l'ensemble des services publics, regroupés en collectif, viennent de demander au président Jacques Chirac de "réviser" le mandat donné au commissaire européen Pascal Lamy, afin qu'il propose un "moratoire" sur l'accord général sur le commerce des services (AGCS) en négociation à l'OMC » (AFP, 3 juillet) .
La vice–présidente d'ATTAC, Susan George, a précisé : « Il y a une boulimie dans l'action de l'OMC », déplorant, selon l'AFP, que l'OMC voie « dans les services, l'eau, la santé et l'éducation de gigantesques sources de profit ».
Et lors d'une conférence de presse, Pierre Barge, membre du collectif, a déploré que « l'AGCS, en négociation &` l'Organisation mondiale du commerce (OMC), menace de livrer au marché et à la concurrence l'ensemble des services publics ». Il s'agirait donc, pour ce collectif et pour ATTAC, de « réviser» le mandat du commissaire européen Lamy pour défendre les services publics?
LE COMMISSAIRE EUROPÉEN PEUT–IL VRAIMENT AVOIR UN MANDAT CONTRADICTOIRE AUX EXIGENCES DE L'OMC ?
Mais la Commission européenne, qui dicte, directive après directive, la privatisation de tous les services publics, vient de publier un Livre vert sur ce qu'elle appelle les services d'intérêt général (SIG).
Que dit ce Livre vert? « Les termes service d'intérêt général et service d'intérêt économique général ne doivent pas &ecicr;tre confondus avec l'expression "service public" (…), qui n'est pas utilisée dans le présent Livre vert. » Et pourquoi cette disparition du nom de service public au profit des SIG? Car, contrairement au service public, « le fait que les fournisseurs de services d'intérêt général soient publics ou privés n'a pas d'importance dans le droit communautaire (…). Les entreprises publiques confient de plus en plus souvent la fourniture de ces services à des entreprises publiques ou privées, ou à des partenariats entre le secteur public et le secteur privé. »
Et que recouvrent ces SIG, qui peuvent donc être privés? Le Livre vert répond : « La réalité des services d'intérêt général couvre un large éventail d'activités de types différents, de certaines activités des grandes industries de réseau (énergie, services postaux, transport et télécommunications) à la santé, l'éducation et les services sociaux », donc… tout ce que l'OMC se fixe de « livrer au marché et à la concurrence ».
Dès lors, comment comprendre la requête de ce collectif et d'ATTAC ?
L'Union européenne et son commissaire Lamy pourraient avoir un « mandat » contradictoire à l'OMC ?
Qui peut sérieusement le croire?
DANIEL SHAPIRA     (semaine du 9 au 15 juillet 2003 – n°597)

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ATTAC et les « privilèges » des fonctionnaires brésiliens

« Certes, le régime de retraite des fonctionnaires brésiliens, instauré par la Constitution de 1988, a de quoi faire rêver : retraite à 53 ans avec 100 % du traitement sous condition d'avoir cotisé vingt ans. La presse se repaît depuis de nombreuses années du "scandale des maharadjahs", ces juges ou hauts fonctionnaires dont les pensions atteignent 5 000, voire 10 000 dollars mensuels.
L'instauration d'un plafond (une pension maximum de 800 dollars) et le report du départ à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes (comme dans le privé) n'apparaissent donc pas scandaleux à l'opinion publique brésilienne. »

Fonctionnaires « nantis », opposition du privé au public... Qui peut tenir de tels propos, sinon un fieffé réactionnaire? On a entendu tout cela en France dans la dernière période, au moment des grèves et manifestations pour le retrait du plan Fillon, pour les 37,5 annuités pour tous, public-privé.
Malheur et damnation! Cette fois, c'est un membre du conseil scientifique d'ATTAC (excusez du peu), Thomas Coutrot, qui s'exprime dans l'hebdomadaire Politis (24 juillet) au sujet du Brésil. Présenté comme un économiste « à contre-courant », il reproche au président brésilien, Lula, de tourner sa politique « vers un seul objectif : rassurer les milieux financiers ». Très juste. Mais en opposant ainsi les « privilèges » des fonctionnaires brésiliens « aux dizaines de millions de chômeurs, de travailleurs au noir ou de paysans sans terre » qui ont élu Lula, où veut-il en venir ? De quel côté est-il, cet « à contre-courant », au moment où les fonctionnaires brésiliens sont en grève générale contre la réforme de leur régime de retraite?
En tout cas, pendant le mouvement qui a dressé contre le plan Fillon travailleurs du public comme du privé (ce que Coutrot semble oublier), les « économistes » d'ATTAC se répandaient sur la « nécessité d'une bonne réforme des retraites » ; aujourd'hui, au moment où se prépare le démantèlement de la Sécurité sociale, les mêmes viennent nous expliquer qu'il ne s'agit pas d'un salaire différé, mais d'une « contribution de toute la société » - en quelque sorte la contribution sociale généralisée (CSG), payée à 90 % par les salariés, machine de guerre contre le système de solidarité entre tous les salariés, sur les fonds duquel lorgne le patronat.
Il est vrai que pour ces « experts »
, la lutte de classe n'existe pas. Mais il semblerait qu'elle n'ait pas besoin de leur autorisation, et les faits sont là : au Brésil, comme en France, le combat pour la défense des retraites, c'est le combat de tous les travailleurs, de tous les exploités.
(semaine du 30 juillet au 5 août 2003 - n°600)

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CORRESPONDANCE DE LA FÉDÉRATION DE L'AUBE DU PARTI DES TRAVAILLEURS

Quand l'orateur d'ATTAC fait campagne pour "en finir avec les services publics"

CORRESPONDANCE
La correspondance ci-dessous nous a été transmise par la fédération de l'Aube du Parti des travailleurs. Nous avons jugé utile de la livrer à nos lecteurs tant les faits qu'elle relate nous ont laissé pantois.
"Notre assemblée de section a été introduite par les camarades qui avaient été mandatés pour participer à la réunion d'ATTAC, à laquelle notre parti avait été convié, fin juin, ainsi que d'autres organisations politiques et syndicales, voire associatives.
L'orateur principal à cette réunion d'ATTAC était M. Salers. Il a commencé par une présentation de son association, faisant, par la même occasion, la promotion de son livre et de sa personne, ex-membre du cabinet du ministre Gayssot.
Son discours a été long, mais a eu le mérite de la clarté. Il n'a pas caché son but: construire un regroupement d'usagers pour « en finir avec les services publics gérés par les fonctionnaires et les syndicalistes ». Rien que cela.
Le summum de la démocratie serait, selon lui, de « mettre le fonctionnaire sous la responsabilité des élus et non d'une hiérarchie n'ayant aucun mandat électif ». Aux dires de M. Salers, la fonction publique doit être « sous la tutelle des quartiers ». Curieux propos en cette fin juin, à un moment où la grève des enseignants contre la décentralisation venait à peine de se terminer.
Nous sommes donc intervenus pour dire ce que des centaines de milliers de fonctionnaires veulent, à savoir : « Défendre les services publics nationaux avec des fonctionnaires indépendants des pouvoirs d'influence locaux. »
Nous avons répété dans cette réunion d'ATTAC ce que la masse des fonctionnaires avait exigé, avec leurs syndicats, dans la grève et dans les manifestations : « Ces administrations garantissent l'égalité en droit de tous les citoyens sur tout le territoire de la République. »
La réponse de l'orateur a été presque totalement consacrée aux « camarades du PT » dont les propos ont été taxés de « réactionnaires ».
Impensable pour ce monsieur qu'il existe encore des défenseurs d'une conception « archaïque de la fonction publique ». Selon lui, cette « conception technocratique » mettrait en péril l'existence des services publics. La cause du « processus de privatisation » résiderait dans les « carences » du service public dues à la mauvaise qualité du travail des fonctionnaires. On croirait entendre Francis Mer. Il faudrait, selon lui, pour améliorer le service public, mettre ce dernier sous l'autorité des usagers localement.
Il a alors lancé un appel à la création partout de regroupements associatifs pour donner corps à cette tutelle locale sur les services publics. Il s'agissait donc pour lui d'impliquer les participants dans la mise sous tutelle du service public et dans son démembrement par la création d'associations.
A ne pas en croire ses oreilles...
Bref, la remise en cause du combat plus que séculaire des républicains et socialistes pour extirper notamment l'école des influences locales. Les personnels de l'Education nationale apprécieront, alors même qu'ils se sont mis en grève pour préserver leur statut national de fonctionnaires d'État indépendants des élus locaux.
Mais il ne s'est pas arrêté là, il a allégrement fait un amalgame entre la Sécurité sociale et la fonction publique. Alors qu'il s'agit de deux institutions de nature différente, et il ne peut l'ignorer, la première est un organisme paritaire de gestion du salaire différé des travailleurs, indépendant du budget voté par le Parlement. Ce qui n'est pas un détail, car cette « confusion » couvre la fiscalisation initiée par Rocard avec la CSG pour détruire nos acquis.
CORRESPONDANT     (semaine du 6 au 12 août 2003 - n°601)

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COURANT COMMUNISTE INTERNATIONALISTE DU PARTI DES TRAVAILLEURS (SECTION FRANÇAISE DE LA IVe INTERNATIONALE)

Encore un effort pour ne plus être stalinien, M. Nikonoff !

Monsieur Nikonoff, dans l'article que vous signez dans Libération (18 août), vous vous en prenez aux « deux (...) formations d'extrême gauche (PT et LO) » pour qui « le mouvement altermondialiste et particulièrement ATTAC - est devenu leur bête noire ».
Non, M. Nikonoff, les militants du Parti des travailleurs n'ont qu'une « bête noire » : le système d'exploitation capitaliste fondé sur la propriété privée des grands moyens de production.
Pour autant, n'avons-nous pas le droit, en démocratie, de nous interroger sur l'orientation du mouvement ATTAC et des forums sociaux ?
En fait de bête noire, c'est vous, M. Nikonoff, qui semblez obsédé par une idée : dégager ATTAC et le mouvement « altermondialiste » de ce que vous appelez « une image "gauchiste" qui semble le marquer ». C'est votre droit. Mais pourquoi l'accompagner de cette affirmation : « Les libéraux préfèrent toujours l'extrême gauche »? Sachant que vous rangez le Parti des travailleurs dans l'extrême gauche et que « libéral », sous votre plume, signifie quelque chose comme : de droite, réactionnaire, bourgeois, etc., on peut traduire votre formule par : « L'extrême gauche (dont le PT fait partie) est une agence de la classe capitaliste. »
C'est la vieille rhétorique stalinienne qui perce au grand jour. Il y a quelques décennies, vous auriez sans doute, M. Nikonoff, dénoncé les « hitléro-trotskystes » et montré du doigt comme agents de Hitler et du Mikado les militants de toutes tendances du mouvement ouvrier qui refusaient obéissance au génial « Petit Père des peuples » qui régnait au Kremlin.
Des millions de militants ont ainsi payé de leur vie, dénoncés comme les agents d'une classe capitaliste que pourtant ils n'avaient jamais cessé de combattre, quelle que soit leur référence idéologique.
Les temps ont passé, le PCF jure ses grands dieux n'avoir plus rien à voir avec le stalinisme... mais vous, M. Nikonoff, qui avez été formé à cette école, vous avez encore quelques efforts à faire pour ne plus être un stalinien.
Un fait : le Parti des travailleurs est totalement indépendant financièrement, donc politiquement. Il refuse d'être subventionné par l'État, les institutions internationales, le gouvernement, les patrons, etc.
D'autres faits vérifiables par tout un chacun : ATTAC, dont vous êtes le président, s'est rendue le 14 janvier dernier à Matignon pour demander des subventions pour le Forum social européen. Selon votre prédécesseur, M. Cassen (Le Figaro, 17 janvier 2003), le gouvernement s'est engagé à vous apporter un appui financier et à vous appuyer dans votre démarche auprès de l'Union européenne pour obtenir semblable soutien financier. L'organe officiel d'ATTAC (Courrier, n° 406, 4 mars 2003) confirme ce soutien financier du gouvernement.
N'étant pas une stalinienne, je n'en conclurai pas, M. Nikonoff que « les libéraux préfèrent toujours ATTAC » ou que vous seriez vous-même un suppôt de la bourgeoisie. Je laisse les lecteurs juger sur la base des faits. Je suis convaincue que la plupart des adhérents d'ATTAC ne partagent pas ces méthodes.
Il n'en reste pas moins - et votre article est là pour nous le rappeler à bon escient, M. Nikonoff - que le stalinisme n'est pas mort.
Pour ma part, le 30 août, je serai sur la tombe de Léon Sedov pour commémorer la mémoire des militants ouvriers de toutes tendances victimes du stalinisme.
I.C., militante du parti des travailleurs, membre de son Courant communiste Internationaliste (section française de la IVe Internationale)... et fière de l'être!
(semaine du 20 au 26 août - n°603)

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UN ÉCRIVAIN PROLIXE... CONTRE LA CLASSE OUVRIÈRE

Jacques Nikonoff, d'ATTAC et du PCF


Jacques Nikonoff, président d'ATTAC-France, est aussi membre du PCF. En sous-main, il est même un de ses économistes les plus en pointe. « Hu-iste » patenté, il ne jure plus que par les forums sociaux et prône à demi-mots ce nouveau « mouve » contre la classe ouvrière et les partis. Analysons quelques réflexions de cet ardent défenseur d'un « statut du travailleur salarié" contre les conventions collectives et les statuts nationaux.
Pour Jacques Nikonoff, « les luttes du printemps pour la défense des retraites et de l'école ont été un demi-succès pour le gouvernement et un demi-échec pour le mouvement social (...). Le gouvernement et le MEDEF n'ont pas atteint leur objectif. » Étonnant.
La loi sur les retraites ne vient-elle pas d'allonger de quatre ans et demi le nombre d'annuités pour les fonctionnaires et de deux ans pour les salariés du privé? Une décote n'a-t-elle pas été mise en place, abaissant à un niveau sans précédent les futures pensions? Un demi-échec?
Jacques Nikonoff, décidément, s'inspire des appareils du syndicalisme et n'est-il pas, d'ailleurs, un de leurs inspirateurs ? - pour chanter un demi-échec du patronat et du gouvernement, qui voulaient 45 annuités? Pour lui, le gouvernement a perdu « sur le plan idéologique... Il a perdu aussi sur la division qu'il voulait organiser entre les fonctionnaires et les salariés du privé. »
Mais qu'est-ce qui était le ciment de ces grandes grèves de printemps? N'était-ce pas les 37,5 annuités pour tous?
Il est certain qu'ATTAC ne défend pas cette position. Il est certain que le parti auquel appartient Jacques Nikonoff propose une « autre réforme des retraites », qui se traduit par une contre-réforme, puisque découlant directement du rapport Teulade voté par toutes les organisations au Conseil économique et social. La grande question que n'aborde pas Jacques Nikonoff, c'est la raison pour laquelle les confédérations syndicales n'ont pas appelé à la grève générale jusqu'au retrait du plan Raffarin, comme les travailleurs le réclamaient le 12 juin, lors du meeting intersyndical de Marseille.
Il considère que, sur un certain nombre de questions, « le mouvement altermondialiste, pas plus que le mouvement syndical, n'est encore au point ». Mais de quel droit le mouvement altermondialiste s'érige-t-il en porte-parole des millions de travailleurs qui ont agi dans notre pays contre les contre-réformes?
Jacques Nikonoff est bien à son affaire, puisqu'il représente la puissance stalinienne au sein d'un mouvement qui est pour une mondialisation « adoucie », « à visage humain ». D'ailleurs, en prenant position dès maintenant sur la question de la Sécurité sociale, de qui détient-il son mandat? Du rassemblement du Larzac?
Des millions des travailleurs, dans les rues, au printemps, disaient non aux fonds de pension, 37,5 annuités pour tous, retrait du plan Fillon... Vu ses propos et ses propositions, il est loin des préoccupations de la classe ouvrière.
Pour lui, « les salariés du secteur privé, particulièrement dans les entreprises, ont peu suivi les grèves ».
37,5 ANNUITÉS POUR TOUS : LE CIMENT DES GRÈVES DU PRINTEMPS, N'EN DÉPLAISE, À M. NIKONOFF
Et pourtant, des millions d'entre eux sont garantis par des conventions collectives de branche. Agiront-ils mieux quand ils seront sous un statut du travail salarié individualisé sans garanties collectives?
Pour Nikonoff, toutes ces « absences contrastent fortement avec la mobilisation des salariés contre Le Pen ». Il est vrai qu'il est difficile pour Nikonoff - comme pour ATTAC, pour le PS, pour le PCF, la LCR et bien d'autres, qui ont aidé à la mise en place de ce gouvernement par l'appel à voter Chirac - de nier sa politique ultra-réactionnaire. Tout le monde le sait, Le Pen n'avait aucune chance d'arriver au pouvoir.
D'ailleurs, au premier tour de l'élection présidentielle, il faisait moins de voix qu'à l'élection précédente. Mais pour justifier l'échec d'une politique que Nikonoff et consorts ont soutenue, celle de la gauche plurielle, pour organiser une société de collaboration de classe, il est plus facile d'appeler à voter Chirac et de se retrouver tous ensemble avec Chirac et son financement dans les forums sociaux que d'appeler à la lutte de classe pour faire barrage au capital, pour préserver les conquêtes et les garanties de tous les travailleurs, dans chaque pays, en Europe et dans le monde.
La « prochaine bataille qui s'annonce sur l'assurance maladie », comme vous le déclarez, monsieur le président d'ATTAC, ne vous appartient pas, ni à vous, ni aux dirigeants « altermondialistes » (les mêmes qui ont dirigé des pays pendant des années et y ont liquidé les acquis sociaux) : elle appartient à la classe ouvrière, qui attend de ses organisations syndicales et politiques qu'elles agissent pour défendre ses intérêts, pour faire reculer le gouvernement.
J.-C. MARQUISET     (semaine du 10 au 16 septembre 2003 - n°606)

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ATTAC à Matignon.

Le 2 septembre, les ONG altermondialistes étaient reçues une nouvelle fois par le gouvernement. « L'organisation de la mondialisation doit se faire en termes démocratiques », a déclaré Raffarin à ses interlocuteurs. « Je souhaite rappeler la proposition de créer un observatoire national de la mondialisations. » Pour observer quoi?
Le démantèlement des retraites et de la Sécurité sociale par le gouvernement? On pourrait en rire. Le président d'ATTAC, Jacques Nikonoff, répond favorablement à la proposition : « Le groupe de travail sur les taxes globales, dont nous avons proposé la création, acceptée par le président, n'a toujours pas vu le jour... Je vous propose de créer un autre groupe sur la construction de l'observatoire nationale de la mondialisation. »
Conclusion de Raffarin : « D'accord pour un groupe de travail mixte de suivi... D'accord pour travailler ensemble sur l'observatoire national de la mondialisation. Je vous demande de me faire des propositions. Nous nous rencontrerons à nouveau en novembre et je voudrais que nous parlions de la possibilité d'organiser une conférence annuelle avec les ONG. »
Un avant-goût du Forum social européen? Tout cela n'a pas empêché ATTAC d'appeler à manifester le 6 septembre. « Dans la rue, nous dirons "non" aux politiques libérales de l'OMC, dont Raffarin s'inspire en France », lit-on dans son tract.
De quoi, décidément, s'interroger.
(semaine du 17 au 23 septembre 2003 - n°607)

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La "taxe Tobin" : mythe et réalité

On ne pouvait trouver plus démystificateur que cet article paru dans le journal espagnol El Pais et dans le Courrier d'information d'ATTAC, n° 213 (23 février), qui le présentait ainsi : "Voici un article paru en espagnol qui ne peut nous laisser indifférents. Conseillons-en la lecture à M. Fabius en particulier." Son auteur, Jesûs Lizcano Alvarez, est directeur de la revue Encuentros Multidisciplinares ("Rencontres pluridisciplinaires"), titulaire de la chaire d'économie financière et comptabilité de l'université autonome de Madrid.
Rappelant "qu'il s'agit d'une proposition lancée à l'origine par l'économiste américain James Tobin, de l'université de Yale (prix Nobel d'économie 1981), qui consiste essentiellement à fixer une petite taxe fiscale, de l'ordre de 0,1 %, sur les transactions financières spéculatives, dans la pratique sur celles réalisées sur les marchés internationaux de devises", l'auteur entreprend de réfuter un à un les "mythes", qui, selon lui, sont entretenus autour de la fameuse taxe par ceux qui veulent la dénigrer :
« Premier mythe : la taxe Tobin est une proposition "de gauche". Cette affirmation est inexacte. En dehors de son origine nord-américaine, cette proposition ne peut être étiquetée exclusivement "de gauche" .. elle peut aussi bien être avancée par une droite qui se veut moderne, progressiste et libérale (libérale en ce sens qu'elle vise une certaine liberté pour les individus, en particulier les plus défavorisés) (...). De nos jours, les formations politiques de droite ne devraient pas laisser à celles de gauche le monopole d'une mesure à forte connotation positive comme la taxe Tobin.. celle-ci pourrait servir - en dotant substantiellement les pays les moins développés - à amplifier le libre commerce international et mettre face à face, en définitive, l'économie réelle et l'économie financière, question qui, plus que le débat classique entre économie de droite et économie de gauche, marquera le débat économique de ce nouveau siècle. » Histoire, comme dit M. Husson, de "maîtriser les rapports vis-à-vis du marché".
"Second mythe : la taxe Tobin est une utopie, sans aucun soutien dans la pratique. Cette fois encore, l'affirmation est fausse. Il suffit de rappeler à ce propos que, rien qu'au cours de l'année 2000, cette taxe a reçu d'importants soutiens, non seulement dans la société civile internationale, mais encore au sein d'institutions politiques nationales et internationales très diverses. Ainsi, le Parlement européen lui-même a-t-il débattu au mois de janvier une proposition sur la création de cette taxe, qui a recueilli 223 votes pour et 229 voix contre (avec 36 abstentions), ce qui donne une idée de l'équilibre politique au niveau européen autour de cette proposition. Il faut rappeler, par ailleurs, que des institutions comme le Parlement canadien ou le gouvernement finlandais ont adopté des propositions favorables à ce sujet, et que l'on a de même débattu de la taxe Tobin dans les Parlements de pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Brésil, tandis qu'un débat parlementaire est en préparation dans divers autres pays. Nous pensons que l'étendue de ces propositions et débats politiques sur la taxe Tobin vient contredire l'affirmation répandue selon laquelle la taxe ne serait que la proposition lunatique de quelques-uns."
Avec un tel parrainage, s'il reste encore quelqu'un pour douter du caractère "révolutionnaire" de ladite taxe, c'est à s'arracher les cheveux.
"Troisième mythe : la taxe Tobin n'est pas viable techniquement. Cette affirmation non plus n'est pas exacte. L'argument fondamental sur lequel elle repose est que la mise en place dl! cette taxe dans tous les pays du monde s'avérerait très complexe et bureaucratique, sans parler du fait que cela provoquerait la délocalisation des capitaux vers les paradis fiscaux qui refuseraient d'appliquer cette taxe. Face à cet argument, il convient de rappeler que, dans les faits, les marchés un tant soit peu efficaces et automatisés fonctionnent par transactions financières électroniques, réalisées par l'intermédiaire de banques et établissements financiers liés aux systèmes nationaux de règlement et supervisés par leurs banques centrales respectives (...). La Banque des règlements internationaux, organisme international de coopération monétaire entre banques centrales, pourrait jouer un rôle."
Alors, si les banques, les banques centrales et même les institutions financières internationales s'y mettent... On peut avoir confiance.
"Quatrième mythe : la répartition des fonds créerait des tensions, des inégalités et de la corruption dans de nombreux pays. Cette affirmation est la moins rationnelle, et en tout cas la moins inquiétante de toutes (...). Nous sommes sûrs que la communauté internationale trouverait le moyen de parvenir à un consensus sur l'ordre des priorités et des actions à mener. "
"Finalement, et en guise de résumé, conclut notre économiste, nous pensons que la taxe Tobin (...), en plus d'augmenter la stabilité et l'efficacité à long terme du système économique international, pourrait contribuer à convaincre de nombreuses personnes des bienfaits d'une société véritablement globale. "

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Réflexions à propos d'un "forum social" sur l'école

CORRESPONDANCE
Je vous fait parvenir un article de La Provence, datée du 27 août, avec quelques réflexions comme contributions au débat sur les forums sociaux.
Sous le titre : « Des professeurs ouvrent le débat avant la rentrée », La Provence nous informe qu'un « groupe d'enseignants s'est réunis hier au théâtre Toursky à Marseille pour discuter de l'avenir de l'école républicaine et de cette nouvelle année scolaire qu'ils veulent résolument différente ». Nous apprenons que « le public est composé d'enseignants, quelques visages connus du SNES, de SUD, de la CFDT, ils sont là à titre individuel... » Le ton est à l'« antimondialisation » et à l' « altermondialisation ». L'orateur du matin est Samuel Joshua (élu LCR des quartiers nord de Marseille). Pour le journaliste de La Provence, « ces assises à petite échelle constituent un échantillon d'une gauche qui se cherche et se retrouve au chevet d'une école depuis si longtemps en crise ».
"L'école républicaine est un mythe"...
Quels débats et quelles décisions ont donc été prises, au moment même où le gouvernement venait de rendre public son projet de décentralisation de l'Education nationale? Selon l'un des coordonnateurs de ces assises, « on ne pouvait pas repartir comme ça, pour une année scolaire, qui sera une année ordinaire ou une année de lutte - ce sera à chacun de décider (selon notre « altermondialiste », si la casse de l'école républicaine passe, ne cherchons pas noise à Aschieri, qui parle de « recul » du gouvernement, mais aux enseignants, qui auront « décidé une année ordinaire », sans faire quelque chose, sans avoir une réflexion. On ne pouvait pas attendre et s'en tenir aux débats bouclés d'avance. »
La Provence rend compte des propos de Joshua : « L'école républicaine est un mythe (souligné par nous), l'école n'a jamais été égalitaire. »
Le système scolaire a quand même du bon puisque « le cheminot de base s'est rapproché culturellement de l'ingénieur qui lui donne des ordres » et qu'un « facteur est en mesure de se présenter aux élections présidentielles ».
Conclusion de ces assises, en référence au débat sur l'école annoncé par le ministre : « Attention aux grands débats. Débattre de l'école, de ses valeurs, en oubliant le contexte socioéconomique (souligné par moi), l'intégration des populations immigrées, l'organisation géographique des villes, serait une vaste... raffarinade. »
Finalement; pour nos « altermondialistes », il faudrait que les syndicats participent au « grand débat sur l'école » de Raffarin-Ferry afin que ces derniers « n'oublient pas le contexte socioéconomiue ». C'est précisément la méthode qui a permis, avec la mise en place du Conseil d'orientation sur les retraites par la « gauche plurielle », de faire passer la contre-réforme des retraites.
N'est-ce pas le but de ces « forums sociaux » que de faire oublier aux militants syndicaux la défense pied à pied des revendications et acquis de la classe ouvrière par de grands débats institutionnels, en lieu et place de l'organisation nécessaire pour résister?
JEAN-MARIE TRIBOUT   (Un lecteur de Marseille)   (semaine du 24 au 30 septembre - n°608)

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