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ATTAC Chirac forment un "groupe de travail"

Les chefs d'État des huit plus grandes puissances du monde, réunis dans le G 8, se rassembleront en France, à Évian, début juin. C'est devenu un rituel, il y aura un « contre–sommet », à l'initiative d'associations diverses, dont ATTAC. « Contre » –sommet ou appendice « social » du sommet officiel? On peut se poser la question, à la lecture du compte rendu de la réunion entre Jacques Chirac, hôte du sommet officiel, et ces associations, le 30 avril. Le 30 avril, beaucoup de Français, sans doute, devaient penser à leur retraite et à la manière dont le gouvernement voudrait les détruire. Ce jour–là, le président d'ATTAC, Jacques Nikonoff, était, quant à lui, reçu à l'Élysée par le président en personne. « Au nom d'ATTAC, a déclaré Nikonoff, je voudrais vous faire part de notre soutien total pour votre action, ainsi que celle du ministre des Affaires étrangères, contre la guerre en Irak… Vous avez œuvré pour la paix, contre un monde unipolaire, pour le respect du droit international, et nous saluons votre courage politique. Vous avez grandement contribué au rayonnement de la France. » (1).
Il est certain que le gouvernement français s'est opposé pour ses raisons à la guerre américaine en Irak. Une position qui s'éclaire aujourd'hui par la participation, le 29 avril, de Jacques Chirac à un sommet sur l'Europe de la Défense. La déclaration adoptée a souligné « le caractère fondamental du partenariat stratégique entre l'Europe et les États–Unis dans le cadre de l'OTAN », Chirac précisant : « Nos pays conçoivent en effet leurs engagements dans l'Union européenne et dans l'OTAN comme des engagements complémentaires. En construisant une Europe plus forte, nous aurons une Alliance atlantique plus forte. » (AFP)
Ce serait donc cette politique qui aurait le « soutien total » d'ATTAC, qui prépare également un « Forum social européen raquo; en novembre prochain? La « complémentarité raquo; entre l'OTAN, dominée par l'armée américaine, et l'Union européenne!
Bien sûr, le dirigeant d'ATTAC a nuancé cet acte d'allégeance à Chirac en déclarant : « En revanche, nous contestons les politiques menées par les pays du G 8, notamment la France, dans le domaines des retraites, de l'emploi, de la santé et de l'éducation. » Mais, pour Nikonoff, tous les espoirs sont permis : « Nous vous invitons à poursuivre, sur le plan intérieur, l'action que vous avez menée sur le plan extérieur. Voilà quelques–unes des raisons qui nous amèneront à manifester, pacifiquement, lors de ce sommet du G 8. » Faudrait–il donc, comme le fait Chirac à propos de la guerre, se prévaloir de l'Europe sur la question des retraites? Mais que dit l'Union européenne sur le sujet? Qu'il faut « allonger de cinq ans » l'âge moyen de départ à la retraite…
Selon le compte rendu de cette réunion, « un échange s'en est suivi, lors duquel le président de la République, tout en contestant la taxe Tobin, a reconnu l'intérêt de taxes globales et accepté la création d'un groupe de travail sur ces questions ».
Nikonoff a répondu : « La taxe Tobin est une excellente idée. Elle doit se conjuguer à d'autres taxes globales. ATTAC est disponible pour participer au groupe de travail dont vous venez d'accepter le principe. »
Selon une dépêche de l'agence Reuters, Jacques Chirac, lors de cette rencontre, a souligné « l'esprit de responsabilité » des associations et des ONG. Il a salué avec insistance l'action des « altermondialistes », qui ont « une mission d'alerte, une mission d'expertise et de proposition, une mission d'humanité », et qui contribuent, a poursuivi Chirac, à « l'émergence d'une société civile internationale, d'un pôle social de la mondialisation », à laquelle il attache « un grand prix ».
Des « opposants » comme ceux–là, en effet, cela n'a pas de prix…
YAN LEGOFF    (semaine du 7 au 13 mai 2003 – n°588)

(1) Ce compte rendu est disponible à l'adresse Internet suivante : www.bellaciao.org/g8evian/article.php3?id_ article=9

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Sommet et "contre–sommet" du G 8 : "À chacun son rôle", dit Chirac

Le sommet du G 8 (1) se tiendra du 1er au 3 juin prochains, à Évian. Un « sommet alternatif » sera organisé par les « altermondialistes » (2) à Annemasse, du 29 au 31 mai.
Le 25 avril dernier, lors d'une « réunion de travail » avec les organisations syndicales, dans le cadre de la préparation de ce sommet du G 8, le président de la République, Jacques Chirac, déclarait : « Il est particulièrement important que les partenaires sociaux soient associés à la préparation du G 8, tout simplement parce qu'ils ont un rôle de premier rang pour affirmer la dimension sociale de la mondialisation. Cela fait longtemps que je me bats sur ce thème d'une mondialisation humanisée. »
La « mondialisation », c'est le système de la propriété privée des moyens de production, dont la décomposition menace aujourd'hui de plonger l'humanité dans la barbarie.
L'objectif avoué du gouvernement Chirac, engagé dans une politique de destruction des conquêtes sociales, en particulier des retraites, est donc « d'humaniser » la marche à la barbarie.
Du reste, les ministres des Finances du G 8, réunis à Deauville le 17 mai, ont réaffirmé « leur engagement en faveur de réformes structurelles », demandant que l'Union européenne continue à « accélérer les réformes du marché de l'emploi, de produits et de capitaux, pour parvenir à une économie plus flexible ».
Qu'en disent les « altermondialistes » ?
Un collectif d'associations « altermondialistes », parmi lesquelles figure ATTAC, a présenté le 14 mai à la presse l'objectif du « Sommet pour un autre monde » – le sommet « alternatif raquo;, qui se tiendra à Annemasse. Il s'agit d'élaborer des « propositions alternatives, qu'une délégation portera à des collaborateurs de Jacques Chirac le lundi 2 juin à Évian même ».
Des « propositions », et sur quel mandat? Au moment où des millions de travailleurs, dans ce pays, sont engagés, sur la base de revendications définies en commun, dans un combat pied à pied pour préserver ce qui a été si difficilement conquis, les « altermondialistes » prétendent se substituer aux organisations ouvrières, en présentant des « propositions » à Chirac. De quel droit?
"IL APPARTIENT AUX ÉTATS DE PRENDRE. LES DÉCISIONS NÉCESSAIRES DANS LE CADRE DE LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE"
Ainsi donc, les organisateurs du sommet « alternatif » se fixent pour but de faire des « propositions » au chef de l'État, organisateur du G 8. Un partage des rôles, du reste, qui est exactement celui préconisé par Chirac lui–même. Le 30 avril 2003, lors d'une réunion préparatoire au sommet du G 8 avec des ONG, ce dernier a indiqué : « À chacun son rôle. Il appartient aux États de prendre les décisions nécessaires. Il appartient aux associations de faire valoir leurs vues. Le dialogue entre les États et les associations est un exercice qui s'impose de plus en plus dans le cadre de la démocratie participative. »
Rappelons que la « démocratie participative », vantée ici par Chirac lui–même, est le drapeau de tous les « altermondialistes ». La municipalité de Porto Alegre, au Brésil, l'a mise en pratique. Elle consiste, une fois la charge écrasante de la dette de la ville payée rubis sur l'ongle, à faire « arbitrer » par la population entre des priorités choisies par la municipalité : ou bien la construction d'un dispensaire dans un quartier, ou bien le tout–à–l'égout ailleurs.
De son côté, Marie–George Buffet, dirigeante du PCF, est l'une des premiers responsables de partis politiques soutenant le sommet d'Annemasse à s'être rendus sur place.
Dans un meeting tenu à Thonon–les–Bains, le 14 mai, elle a déclaré : « Nous refusons le capitalisme mondialisé, qui a fait son temps. » Fort bien. Mais elle a aussitôt ajouté : « Une alternative existe pour remettre le monde à l'endroit. L'Europe y aura un rôle central à jouer, pour peu qu'elle cesse de faire du zèle dans l'ultralibéralisme, mais entre en résistance. » L'Union européenne, « entrer en résistance » contre le démantèlement social et politique qu'elle organise chaque jour? De qui Mme. Buffet se moque–telle?
Et François Hollande, premier secrétaire du PS, a indiqué dans son discours de clôture au congrès du PS : « Nous serons à Évian à l'occasion du G 8. raquo; Pour y faire quoi? Il l'avait expliqué, il y a peu : « La fédération socialiste de Haute–Savoie sera extrêmement présente avec les altermondialistes, dans les manifestations, mais aussi par ses propositions. La fédération a déjà pris l'initiative d'organiser un forum sur une « autre mondialisation. Il faut que la contestation nécessaire trouve des débouchés » (Le Dauphiné libéré, 17 avril 2003).
A chacun son rôle, n'est–ce pas?
J.–F. ROCHEFORT     (semaine du 21 au 27 mai 2003 – n°590)

(1) Le G 8 (groupe des huit) rassemble les huit pays les plus industrialisés : États–Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Grande–Bretagne, Russie. Il tient régulièrement des sommets.
(2) Altermondialistes : littéralement, partisans « d'une autre mondialisation ». C'est ainsi qu'ils se nomment eux–mêmes.

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Le Forum social européen et l'argent des contribuables

G 8 : "COMMENT CHIRAC A AUSSI PRÉPARÉ LE CONTRE–SOMMET"

C'est Le Journal du dimanche lui–même qui relate le 25 mai « comment Chirac a aussi préparé le contre–sommet ».
« Depuis la fin 2002, les responsables d'ATTAC et des autres organisations présentes au contre–sommet sont en effet reçus par Jacques Chirac lui–même, avec ses collaborateurs. Tout semble avoir été négocié dans une excellente ambiance.
Ainsi, au cours de leur dernière entrevue, le nouveau président d'ATTAC, l'économiste Jacques Nikonoff, a–t–il lancé au chef de l'État :
" Nous savons tous à quel point vous vous intéressez à la culture et à la vie japonaise. Aussi, nous avons pensé vous faire plaisir en vous apportant une pétition signée par 3 000 Japonais vous demandant la grâce de José Bové. " Éclat de rire général, y compris de Jacques Chirac, qui a pris la pétition. "
Bien que ne partageant pas les positions de José Bové, on ne peut qu'être stupéfait par un tel « éclat de rire général ».
Le Journal du dimanche ajoute : « Le gouvernement participe pour plus d'un million d'euros au contre–sommet. »
Comme quoi, entre le sommet et le contre–sommet, il n'y a pas de mur infranchissable. Il n'y a pas que la musique qui adoucit les mœurs, l'argent également.
(semaine du 28 mai au 3 juin 2003 – n°591)

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Le "contre–sommet" du G 8 vu par ses organisateurs

La presse a couvert abondamment la préparation et la tenue du « contre–sommet » qui s'est tenu à Annemasse (Haute–Savoie), Lausanne et Genève (Suisse) le week–end dernier. Elle a en particulier interviewé quelques–uns des initiateurs.
La croix (2 juin) a interviewé Benoît Berger, directeur des études au Centre catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), qui déclare :
« Nous pensons qu'un tel événement est une occasion de faire passer des messages à des chefs d'État et de gouvernement, et notamment à Jacques Chirac.
– Un mouvement d'Église comme le vôtre s'y sent–il à sa place?
– A sa place, oui (…). Porto Alegre nous a mis le pied à l'étrier. On a découvert que l'Église du Brésil, et plus largement l'Église d'Amérique latine, s'identifiait au mouvement altermondialiste, qu'elle en avait même été à l'origine sous bien des angles, comme celui de l'économie solidaire. Au CCFD, cela nous a donné le sentiment qu'il fallait que nous nous "mouillions" davantage et que nous cessions d'être toujours masqués derrière des collectifs. »

Ce même directeur du CCFD précisait, si l'on peut dire, son objectif à l'AFP : « Au début, la contestation était "antimondialiste". Peu à peu, la volonté d'une alternative s'est substituée à la seule opposition. La mondialisation est un fait et peut avoir des conséquences positives, mais génère aussi des mécanismes néfastes. Nous voulons annoncer quelque chose de différent, un autre mode d'action et d'engagement citoyen. Pour nous, cela correspond aussi à la doctrine sociale de l'Église. »
Vrai! La doctrine sociale de l'Église a toujours nié la contradiction absolue entre exploiteurs et exploités, et en conséquence, bien sûr, le droit pour les exploités de constituer leurs organisations indépendantes.
Mais le saint homme n'est pas le seul à vouloir « substituer la volonté d'une alternative à la seule opposition »
Jacques Nikonoff, adhérent du PCF et président d'ATTAC–France, déclare au Parisien (31 mai) : « Nous sommes pour une réforme des retraites, mais nous disons non à celle qu'on nous propose. »
Nikonoff est–il pour les 37,5 annuités pour tous, public–privé, l'abrogation de la loi Balladur, le maintien des régimes spéciaux? En tout cas, il n'en dit rien. De même, Christophe Aguitton, responsable international d'ATTAC, interviewé environ vingt minutes sur France Inter, n'a jamais prononcé les mots « grève », « syndicat », « travailleur », « 37,5 annuités », « plan Fillon », « retraite ».
En revanche, il a précisé, à la question d'un journaliste :
« C' est possible que des échanges d'idées passent entre deux visions du monde ?
– C'est pour cela que nous sommes là.
– C'est ce que dit Chirac.
– C'est ce qu'il dit. Jusqu'à présent, Jacques Chirac a eu une posture d'ouverture vis–à–vis des altermondialistes et des questions environnementales, et ça, c'est positif (…). Il y a des politiques qui sont menées dans des pays tout à fait ordinaires, capitalistes dans leur fonctionnement économique
(seulement leur fonctionnement – NDLR), mais qui montrent que d'autres choix sont possibles. »
Si l'on comprend bien, l'objectif de l'altermondialiste Aguitton est que le capitalisme fasse d'autres choix et prenne « un visage humain ».
Comment ? « Nous considérons que la totalité des nations devraient décider, que ce soit dans le cadre d'une ONU renforcée ou de toute autre structure, et pas seulement les huit pays les plus riches (…). Nous savons bien que si les États–Unis, l'Union européenne, le Japon décidaient de donner la priorité aux questions sociales, tout changerait. » Un exemple pris par Aguitton : « On a du mal à avancer, car les Américains s'engagent peu dans les pressions sur Israël pour arriver à donner aux Palestiniens le droit à leur État dans les territoires occupés. »
« Un État dans les territoires occupés » sous protectorat américain… Est–ce cela, l'autre monde possible? Il ressemble en réalité comme un frère siamois à celui qui existe.
GÉRARD BAUVERT     (semaine du 4 au 10 juin 2003 – n°592)

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AVEC LES SUBVENTIONS DE L'ÉLYSÉE

« L'Élysée souligne que l'État français a débloqué un million d'euros pour installer le village du contre–sommet (du G 8) à Annemasse.»
"La liberté d'expression et de manifestation est un droit, en démocratie, nous avons tout fait pour le faciliter", avait ainsi souligné la porte–parole, Catherine Collona, (Le Monde, 3 juin). Il y a pour le moins une marge, on en conviendra, entre le respect du droit d'expression et le financement officiel des manifestations.
On comprend la mansuétude, des dirigeants d'ATTAC à l'égard de Chirac.
(semaine du 4 au 10 juin 2003 – n°592)

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D'un "Forum social" à l'autre : une tribune où le ministre Ferry peut se sentir parfaitement à l'aise

La discussion a permis de clarifier la nature des "forums sociaux". Un délégué suisse a précisé que la ville de Genève a accordé une subvention conséquente au contre–sommet organisé le 2 juin dernier par le Forum social européen, alors que cette même municipalité se refuse à reconnaître les organisations syndicales de la ville.
Un délégué français a cité les documents issus du Forum social de Florence, qui préconisent « de nouvelles formes de services publics », une « refondation des systèmes publics étatiques actuels », et constatent que « les syndicalistes sont peu ouverts sur ces questions ».
Un autre a mentionné les propositions en matière d'éducation formulées dans le discours de clôture du Forum social de Florence : « Mise en place de divers espaces collectifs, dont l'école, qui soient des lieux de partage, de rencontre entre hommes et femmes de tous âges » : autrement dit, la reprise des formulations du mémorandum de l'Union européenne sur la formation tout au long de la vie, partout, et surtout dans l'entreprise, l'école n'étant qu'un des lieux d'éducation parmi d'autres.
On comprend que le ministre Luc Ferry ait pu se sentir parfaitement à l'aise dans l'atelier éducation du Forum social de Porto Alegre…
Enfin, il a été rappelé que le maire de Saint–Denis, qui accueille le Forum social européen en octobre prochain, a privatisé une partie des services municipaux de sa commune!
Les interventions des délégués du Mexique, du Pérou, du Brésil, de France, d'Italie, d'Allemagne ont insisté sur la bataille pour l'indépendance des organisations syndicales à l'égard de tous ces dispositifs de « réformes » comme condition de la victoire sur les revendications.
(semaine du 25 juin au 1er juillet 2003 – n°595)

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